Windows Server 2019 Standard : dimensionner la licence d’un serveur bi‑processeur (24 cœurs) et ses droits de VM

Vous exploitez un serveur bi‑processeur avec 2× Xeon Silver 4116 (24 cœurs physiques) et vous vous demandez combien de licences Windows Server 2019 Standard acheter et combien de VM vous pourrez exécuter ? Voici une méthode fiable, des exemples concrets et un mémo anti‑erreur.

Sommaire

Vue d’ensemble de la question

Un hôte physique doté de deux processeurs Intel Xeon Silver 4116 dispose de 12 cœurs par CPU, soit 24 cœurs physiques au total. La question est double :

  • faut‑il licencier l’intégralité des 24 cœurs ?
  • une fois ces cœurs couverts, la licence Windows Server 2019 Standard permet‑elle d’exécuter deux machines virtuelles Windows Server sur cet hôte ?

La réponse courte : oui, vous devez couvrir les 24 cœurs physiques, et oui, une couverture complète en Windows Server 2019 Standard donne droit à jusqu’à 2 OSE/VM Windows Server par hôte, sous réserve que l’OS de l’hôte n’exécute que l’hyperviseur et les services de gestion.

Réponse et solution rapide

Point cléExplication
Nombre de cœurs à licencierMicrosoft impose de couvrir tous les cœurs physiques de l’hôte, avec un minimum de 8 cœurs par processeur et 16 cœurs par serveur. Dans ce cas : 24 cœurs à licencier.
Packs de licences disponiblesLes licences Standard sont vendues en packs de 2 cœurs ou de 16 cœurs ; il faudra donc, par exemple, 12 packs × 2 cœurs ou 1 pack 16 cœurs + 4 packs 2 cœurs pour atteindre 24 cœurs.
Droits de virtualisationUne licence Windows Server 2019 Standard couvrant l’ensemble des cœurs du serveur autorise jusqu’à deux machines virtuelles (2 OSE), à condition que l’hôte n’exécute rien d’autre qu’Hyper‑V et les services de gestion.
VM supplémentairesPour chaque tranche additionnelle de 2 VM, il faut relicencier la totalité des cœurs (racheter une licence couvrant à nouveau 24 cœurs ici).
CAL nécessairesLes utilisateurs ou appareils accédant au serveur doivent aussi disposer de CAL Windows Server 2019 (non incluses dans la licence core).
Cœurs vs threadsLe calcul se fait exclusivement sur les cœurs physiques ; l’hyper‑threading (threads) n’a aucun impact sur la licence.

Règles de base du licensing par cœur

  • Compter les cœurs physiques : additionnez les cœurs de tous les processeurs de l’hôte.
  • Planchers Microsoft : minimum 8 cœurs par CPU et 16 cœurs par serveur, même si la machine a moins.
  • Unités d’achat : packs 2 cœurs (granularité) et packs 16 cœurs (souvent économiques pour une base de 16).
  • Couverture « intégrale » : pour activer les droits de VM en Standard, vous devez couvrir la totalité des cœurs de l’hôte au moins une fois.
  • Empilement des droits : chaque re‑couverture intégrale du serveur ajoute des droits pour 2 VM Windows Server supplémentaires.
  • OSE physique : si l’OS de l’hôte exécute d’autres rôles que l’hyperviseur/gestion, il consomme un droit OSE prévu par la licence Standard.

Cas pratique détaillé : 2× Xeon Silver 4116 (24 cœurs)

  1. Comptage : 12 cœurs × 2 CPU = 24 cœurs physiques.
  2. Couverture initiale : acquérir des packs suffisants pour 24 cœurs (p. ex. 1× 16 cœurs + 4× 2 cœurs, ou 12× 2 cœurs).
  3. Droits obtenus : jusqu’à 2 VM Windows Server (ou 1 VM si l’hôte exécute des rôles non‑Hyper‑V).

Combinaisons de packs pour couvrir 24 cœurs

OptionDétailTotal cœurs couvertsObservations
Granulaire12 × packs 2 cœurs24Souple, utile si vous ajustez d’un hôte à l’autre.
Mixte1 × pack 16 cœurs + 4 × packs 2 cœurs24Approche courante, souvent la plus simple administrativement.
Sur‑couverture2 × packs 16 cœurs32Sur‑licencié pour cet hôte ; n’ajoute pas de droits de VM tant que l’ensemble des 24 cœurs n’est pas relicencié au complet (voir ci‑dessous).

Dimensionner selon le nombre de VM Windows Server prévues

En édition Standard, chaque couverture intégrale des cœurs de l’hôte donne droit à 2 VM. Pour 24 cœurs, cela se traduit ainsi :

VM Windows Server visées« Couvertures intégrales » nécessairesCœurs à licencier au totalExemple de packsRemarques
2 VM1241× 16 c + 4× 2 cHôte dédié Hyper‑V/gestion.
4 VM2482× (1× 16 c + 4× 2 c)Re‑couvrir les 24 cœurs une seconde fois.
6 VM3723× (1× 16 c + 4× 2 c)Trois « couches » de couverture complète.
8 VM4964× (1× 16 c + 4× 2 c)Au‑delà, évaluez sérieusement Datacenter.

Impact des rôles installés sur l’hôte Hyper‑V

Scénario d’hôteDroit OSE physiqueDroits de VM disponibles (par couverture)Commentaires
Hôte « pur » Hyper‑V + services de gestionNon consommé2 VMModèle recommandé pour maximiser les VM.
Hôte avec rôles supplémentaires (AD DS, DHCP, etc.)Consommé1 VMLe système hôte compte comme une OSE ; prévoyez l’empilement si besoin.

CAL et licences associées à ne pas oublier

  • CAL Windows Server : requises pour chaque utilisateur ou appareil accédant à un service Windows Server (fichier/impression, AD, etc.).
  • RDS CAL : nécessaires en plus des CAL Windows Server si vous utilisez les services Bureau à distance (session‑host, VDI). Deux connexions admin simultanées sont autorisées sans RDS CAL, mais avec des CAL Windows Server.
  • Produits serveurs séparés : SQL Server, Exchange, etc., se licencient indépendamment.

Quand basculer vers Windows Server Datacenter

L’édition Datacenter se licencie aussi par cœur, mais autorise un nombre illimité de VM Windows Server sur l’hôte licencié. Elle devient en général plus rentable au‑delà d’une dizaine de VM par hôte.

Méthode pour estimer le seuil de bascule (sans prix publics) :

  1. Notez le prix par 16 cœurs de Standard (PS) et le prix par 16 cœurs de Datacenter (PD).
  2. En Standard, chaque couverture intégrale ajoute 2 VM. Pour un hôte de 24 cœurs, il faut (24/16PS par « couche ».
  3. Seuil VM ≈ 2 × (PD / PS). Exemple : si Datacenter vaut ~6× Standard, le seuil est ~12 VM.

Si vous prévoyez d’atteindre durablement ou d’excéder ce seuil, Datacenter est souvent le meilleur choix (et plus simple à gérer).

Virtualisation sur VMware, Proxmox, Nutanix, etc.

  • Les règles de licensing Windows Server s’appliquent quel que soit l’hyperviseur (Hyper‑V, ESXi, AHV, KVM…).
  • Assignez la licence Windows Server à l’hôte physique qui exécute les VM Windows Server.
  • Le relogement d’une VM sur un autre hôte implique que cet autre hôte soit aussi licencié de manière adéquate (voir règle des 90 jours ci‑dessous).

Clusters, mobilité de licences et PRA

  • Règle des 90 jours : une licence Windows Server assignée à un hôte ne peut être réassignée à un autre hôte qu’après 90 jours (sauf exceptions contractuelles). Dans un cluster, licenciez chaque nœud pour la charge maximale de VM Windows Server qu’il peut héberger.
  • Reprise d’activité/bascule : avec certains contrats (ex. Software Assurance), des droits de bascule passive peuvent s’appliquer pour un nœud de secours non actif. Vérifiez les conditions de votre accord avant de compter dessus.
  • Hébergement et abonnement : en environnement hébergé (SPLA/CSP), l’abonnement mensuel remplace l’achat perpétuel ; le principe de comptage des cœurs reste identique.

Downgrade et co‑usage lors des migrations

  • Downgrade : une licence Windows Server 2019 autorise l’exécution de versions antérieures (2016, 2012 R2…) au sein des VM si nécessaire.
  • Co‑usage de transition : selon les modalités de votre contrat (notamment avec Software Assurance), un chevauchement temporaire peut être toléré pour une migration. Ce point est contractuel ; formalisez‑le avec votre revendeur.

Méthode de calcul prête à l’emploi

Appliquez cette méthode pour n’importe quel serveur :

  1. Comptez les cœurs physiques (A) et appliquez les planchers (≥ 16 par serveur, ≥ 8 par CPU).
  2. Calculez les « couches » Standard nécessaires : Couvertures = plafond(VM / 2) si l’hôte est « pur » Hyper‑V, ou plafond((VM + 1) / 2) si l’hôte consomme l’OSE physique.
  3. Cœurs totaux à licencier : A × Couvertures.
  4. Traduisez en packs : autant de packs 16 cœurs que possible, complétés par des packs 2 cœurs pour atteindre le total.

Exemple : objectif 5 VM Windows Server sur notre hôte 24 cœurs en Hyper‑V « pur ». Couvertures = plafond(5 / 2) = 3. Cœurs à licencier : 24 × 3 = 72 (soit 3× [1× 16 c + 4× 2 c]).

Pièges courants et bonnes pratiques

  • Confondre cœurs et threads : l’hyper‑threading ne change rien au comptage.
  • Sur‑licencier partiellement : ajouter quelques packs 2 cœurs sans compléter une « couche » entière n’apporte aucun droit de VM additionnel.
  • Oublier l’impact de l’OSE hôte : si l’hôte fait autre chose qu’Hyper‑V/gestion, vous perdez 1 VM par couche Standard.
  • Négliger les CAL : les CAL Windows Server (et RDS le cas échéant) sont indispensables et distinctes des licences core.
  • Ignorer la haute disponibilité : dans un cluster, licenciez tous les nœuds pour la charge de pointe (y compris en bascule).
  • Oublier la planification : anticipez le volume de VM à 12‑24 mois ; le point d’inflexion vers Datacenter arrive vite.

Exemples supplémentaires pour affiner votre intuition

Plateforme hôteCœurs physiquesVM viséesCouvertures StandardCœurs à licencierNotes
1 × CPU 32 cœurs322132Plancher 16 c dépassé ; packs 16 c + 8× 2 c.
2 × CPU 8 cœurs164232Planchers (8/CPU et 16/serveur) juste atteints.
2 × CPU 12 cœurs (cas demandé)246372Empilement de 3 couches pour 6 VM.

Checklist de conformité avant audit

  • Inventaire matériel fiable : nombre de sockets, nombre de cœurs par CPU, hyper‑threading (ignoré pour la licence).
  • Cartographie des VM Windows Server par hôte et par cluster (y compris scénarios de bascule).
  • Preuves d’achat des packs 16 c et 2 c, ventilation par hôte.
  • Concordance « couches Standard » ↔ « VM autorisées » par hôte.
  • Preuve de possession des CAL Windows Server (mode User ou Device) et, si nécessaire, des RDS CAL.
  • Vérification des rôles de l’hôte : uniquement Hyper‑V/gestion si vous comptez 2 VM par couche.
  • Contrat et clauses (SPLA/CSP/SA) à jour : droits de bascule et éventuels privilèges spécifiques.

FAQ express

Les hyper‑threads comptent‑ils ?

Non. Seuls les cœurs physiques comptent pour le licensing Windows Server. Les threads logiques (SMT/HT) sont ignorés.

Comment obtenir 3 ou 5 VM avec l’édition Standard ?

Chaque couche Standard (couverture intégrale des cœurs) donne 2 VM. Pour 3 VM, il faut 2 couches (4 VM max). Pour 5 VM, il faut 3 couches (6 VM max). Le surplus de VM non utilisé est simplement un droit disponible.

Si l’hôte exécute aussi un rôle AD, que se passe‑t‑il ?

Le système hôte consomme un droit OSE : une couche Standard ne permet alors que 1 VM. Pour 2 VM, il faut 2 couches, etc.

Les sessions d’administration à distance exigent‑elles des CAL ?

Oui pour les CAL Windows Server. En revanche, les deux connexions administratives simultanées ne requièrent pas de RDS CAL supplémentaires (elles ne sont pas destinées à l’usage utilisateur standard).

Puis‑je « préacheter » des packs 2 cœurs pour anticiper des VM futures ?

Oui, mais ils n’ajoutent des droits de VM que lorsqu’ils complètent une couverture intégrale des cœurs de l’hôte. Des packs isolés en surplus n’offrent aucun droit additionnel.

Et si je dépasse 10‑12 VM par hôte ?

À ce niveau de densité, Datacenter est souvent plus économique et plus simple : droits de VM illimités, plus besoin d’empiler les couches Standard.

Synthèse opérationnelle

  1. Comptez les cœurs physiques et vérifiez les planchers (≥ 8/CPU, ≥ 16/serveur).
  2. Décidez si l’hôte sera Hyper‑V « pur » (recommandé) ou servira aussi des rôles.
  3. Estimez le nombre de VM Windows Server à héberger simultanément.
  4. Calculez les couches Standard nécessaires (plafond(VM/2) ou plafond((VM+1)/2) selon le rôle de l’hôte).
  5. Traduisez en packs 16 c + 2 c jusqu’à couvrir cœurs × couches.
  6. Vérifiez les CAL et, si besoin, RDS CAL.
  7. Au‑delà d’une dizaine de VM/hôte ou en forte croissance, évaluez Datacenter.

Conclusion

Sur un serveur bi‑processeur 2× Xeon Silver 4116, 24 cœurs doivent être licenciés en Windows Server 2019 Standard pour activer les droits de 2 VM (si l’hôte ne fait que l’hyperviseur). Chaque fois que vous souhaitez 2 VM supplémentaires, relicenciez l’ensemble des 24 cœurs. N’oubliez pas les CAL, anticipez les besoins de haute disponibilité et utilisez la checklist ci‑dessus pour rester conforme et optimiser vos coûts. Si la densité de VM grimpe, l’édition Datacenter devient vite plus simple et plus économique.

Remarque : cet article fournit un cadre méthodologique fidèle aux règles généralement admises pour Windows Server 2019. Votre contrat (OEM, VL, SPLA/CSP, Software Assurance) peut introduire des dispositions spécifiques ; validez toujours vos décisions avec votre revendeur ou votre conseil licensing.

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