Serveur HP ancien, Windows Server 2012 R2, disque OS 200 Go : voici des méthodes éprouvées pour obtenir une copie de secours prête à redémarrer en cas de panne matérielle, sans toucher au disque données de 1 To.
Contexte et objectif
Vous exploitez un serveur HP vieillissant dont le rôle est essentiellement archivage : les dossiers patients sont déjà isolés sur un second disque de 1 To. Votre priorité est d’obtenir une copie exploitable du disque système (200 Go) pour reprendre rapidement après incident : carte mère HS, contrôleur RAID défaillant, disque système à bout de souffle, etc. Sans migration d’OS, sans refonte, avec des opérations maîtrisées et documentées.
Ce guide propose trois voies : image Bare‑Metal avec l’outil natif Windows, clonage hors ligne avec un logiciel compatible « Server », et conversion en machine virtuelle pour un PRA immédiat. Chaque approche est détaillée étape par étape, avec contrôles, précautions, et un runbook de restauration.
Résumé des options
Option | Principe | Avantages | Limites / précautions |
---|---|---|---|
Sauvegarde « Bare‑Metal » avec Windows Server Backup | 1) Installer la fonctionnalité Windows Server Backup. 2) Lancer une sauvegarde complète « Bare‑Metal Recovery » vers un disque USB dédié (ou partage réseau). 3) Conserver un support de démarrage (clé USB ou DVD d’installation de Windows Server 2012 R2). 4) En cas de panne, démarrer sur le support et Restaurer à partir d’une image sur un nouveau disque. | • Outil natif, sans coût de licence. • Préserve activation, SID, rôles et paramètres. • Simple à automatiser et à documenter. | • Ce n’est pas un clonage : il y a une étape de restauration (plus long). • Le disque cible doit être au moins de capacité égale. • Une image corrompue = échec ; tests réguliers indispensables. |
Logiciels de clonage « Server » (AOMEI Backupper Server, Macrium Reflect Server, EaseUS Todo Backup, Clonezilla, …) | Démarrer sur le média bootable (WinPE/Linux), puis copier secteur‑par‑secteur le disque de 200 Go vers un disque cible (interne/USB/SATA). Possibilité de clonage « intelligent » (seulement les blocs utilisés). | • Clonage direct, pas d’étape de restauration. • Options d’alignement SSD, redimensionnement possible selon outil. • Vérification d’intégrité pendant/après copie. | • Licences « Server » payantes. • Arrêt conseillé (hors ligne) pour cohérence totale. • Bien valider schéma de partition (MBR/GPT), BIOS/UEFI, RAID/contrôleurs HP. |
Conversion en machine virtuelle (P2V) (Disk2VHD, vCenter Converter, etc.) | Créer un fichier VHD/VHDX/VMDK du disque système et le stocker (NAS/USB). En cas de panne, démarrer la VM dans Hyper‑V, VMware Workstation/ESXi selon le format choisi. | • Indépendant du matériel : redémarrage possible sur tout hôte compatible. • Testable hors production (démarrage de la VM en laboratoire). • Très utile comme « filet de sécurité » PRA. | • Nécessite espace/temps de copie. • Performance inférieure si utilisation prolongée en VM. • Attention aux doublons réseau/AD lors des tests (isoler la VM). |
Arbre de décision rapide
- Budget minimal : Windows Server Backup (image Bare‑Metal hebdomadaire) vers un disque USB chiffré et stocké hors site.
- Budget moyen : un outil de clonage « Server » pour dupliquer vers un SSD neuf ; swapper les disques et conserver l’ancien en secours « étagère ».
- Continuité maximale : en plus, garder une image P2V (VHDX/VMDK) prête à démarrer sur Hyper‑V/VMware.
Pré‑requis et vérifications
- État du système : exécuter
chkdsk /f
et vérifier les VSS Writers (vssadmin list writers
) avant tout clonage/image. - Partitionnement : identifier MBR vs GPT (
diskpart > list disk
, astérisque sous « GPT »). Noter la présence d’une partition EFI (UEFI) ou Système réservée (BIOS). - Contrôleur de stockage : Smart Array/RAID HP ? S’assurer que le média de clonage embarque les drivers nécessaires (WinPE avec pilotes Stockage/RAID).
- Chiffrement : si BitLocker, désactiver ou suspendre avant clonage hors ligne ; chiffrer le support de sauvegarde (BitLocker To Go ou chiffrement natif du logiciel).
- Fenêtre de maintenance : prévoir un arrêt propre des services/partages pour éviter toute incohérence.
Procédure détaillée — Option « Bare‑Metal » (Windows Server Backup)
Installation
- Ouvrir Server Manager > Add Roles and Features > Features > cocher Windows Server Backup > Installer.
- En PowerShell :
Install-WindowsFeature Windows-Server-Backup
Sauvegarde immédiate (ad‑hoc)
Brancher un disque USB dédié (formaté NTFS, étiqueté « SRV2012R2_BMR » par exemple). Puis lancer :
wbadmin start backup -backupTarget:F: -include:C: -allCritical -quiet
-allCritical
inclut automatiquement les partitions nécessaires au démarrage (EFI/Système réservée).- Vers un partage réseau (gardera une seule version) :
wbadmin start backup -backupTarget:\\NAS\BMR2012R2 -user:DOMAINE\compte -password:* -include:C: -allCritical -quiet
Planification
Programmer, par exemple, une sauvegarde hebdomadaire la nuit :
wbadmin enable backup -addtarget:F: -schedule:23:00 -include:C: -allCritical -quiet
Bon à savoir : les sauvegardes sur disque local dédié permettent des versions multiples et des différentiels ; sur partage réseau, seule la dernière image est conservée. Adaptez la rotation selon votre politique 3‑2‑1 (3 copies, 2 supports, 1 hors site).
Contrôles de qualité
- Événements : Applications and Services Logs > Microsoft‑Windows‑Backup/Operational (événements 4xx/5xx/14xx).
- VSS :
vssadmin list writers
doit afficher tous les writers en état « Stable ». - Montage de l’image : via Disk Management > Action > Attach VHD (lecture seule) pour vérifier l’arborescence Windows, Program Files, etc.
Préparer le support de démarrage
- Conserver l’ISO/clé USB d’installation de Windows Server 2012 R2 (équivalente à WinRE) : elle permet System Image Recovery.
- Note : selon le serveur HP, l’accès menu de démarrage/BIOS se fait via F9/F10/F11 (affiché à l’écran POST).
Restauration sur nouveau disque (runbook)
- Installer physiquement le nouveau disque (capacité ≥ 200 Go).
- Démarrer sur la clé/DVD d’installation ; choisir Repair your computer > Troubleshoot > System Image Recovery.
- Sélectionner l’image (USB ou réseau), restaurer toutes les partitions critiques (EFI/Système + C:).
- Au premier redémarrage, si nécessaire :
bootrec /fixmbr bootrec /fixboot bootrec /rebuildbcd
- Vérifier que la lettre du disque données (1 To) correspond toujours à l’attendu (ex. D:). Ajuster via diskmgmt.msc si besoin.
- Contrôler les services, partages SMB, pare‑feu, tâches planifiées, et l’adresse IP statique.
Normes de sécurité
- Chiffrement des supports de sauvegarde (clé USB/disque) : BitLocker To Go recommandé.
- Stockage hors site des copies (rotation hebdomadaire, coffre sécurisé).
- Journal de preuve : consigner date, durée, taille, hash de l’image, opérateur.
Procédure détaillée — Option « Clonage hors ligne » (outil tiers)
Préparation
- Télécharger/produire le média bootable de l’outil (WinPE ou Linux). Inclure les pilotes de contrôleur stockage/RAID HP si nécessaire.
- Brancher le disque cible (SSD/HDD) : idéalement un SSD neuf de ≥ 240 Go pour anticiper l’over‑provisionning et gagner en fiabilité.
- Éteindre proprement le serveur puis démarrer sur le média (menu de boot).
Clonage
- Dans l’assistant, choisir Disk Clone source : le disque système de 200 Go (incluant la partition EFI ou Système réservée).
- Choisir le disque cible ; cocher l’option Aligner sur SSD si proposée.
- Mode :
- Intelligent sector copy : copie uniquement l’espace utilisé (permet parfois de cloner vers un disque légèrement plus petit si la partition C: est réduite au préalable).
- Secteur‑par‑secteur : copie bit‑à‑bit (fiable mais exige un disque cible ≥ source).
- Lancer la vérification post‑copie si disponible (Verify).
Cas particuliers et astuces
- MBR → MBR (BIOS) : la partition « Système réservée » doit être marquée Active sur le disque cible.
- GPT → GPT (UEFI) : veillez à cloner la partition EFI System (100–300 Mo). Si besoin :
bcdboot C:\Windows /l fr-FR
pour régénérer les fichiers de boot EFI. - Réduire C: avant clonage vers un disque plus petit, exécuter sous Windows :
diskmgmt.msc
puis réduire la partition C: (la taille utilisée doit rester < capacité du disque cible). - Disques dynamiques : privilégier un outil qui supporte le clonage de volumes dynamiques ; sinon, préférez l’image Bare‑Metal.
Validation (boot test)
- Déconnecter temporairement l’ancien disque.
- Démarrer sur le disque cloné et vérifier l’accès Console/RDP, les services et partages.
- Étiqueter et stocker l’original comme « Secours » (antistatique, hors site).
Avantages opérationnels
- Redémarrage ultra‑rapide en cas de panne disque : on échange, on repart.
- Possibilité de programmer des clones périodiques hors ligne (mensuel/trimestriel) hors horaires d’ouverture.
Procédure détaillée — Option « P2V » (conversion en VM)
Avec Disk2VHD (Hyper‑V)
- Exécuter l’outil sur le serveur (mode VSS) et cocher les volumes EFI/Système et C:.
- Choisir VHDX comme format si cible Hyper‑V ; enregistrer vers un disque rapide/NAS.
- Créer une VM de test dans Hyper‑V :
- Generation 1 pour MBR (BIOS) ; Generation 2 pour GPT (UEFI).
- Attacher le VHDX et définir l’ordre de boot.
- Désactiver la carte réseau au premier boot pour éviter tout conflit d’IP/AD, ou placer la VM sur un switch interne.
Avec un convertisseur vers VMware
- Utiliser un convertisseur P2V pour générer un VMDK (cible Workstation/ESXi).
- Créer la VM en sélectionnant un firmware BIOS ou UEFI conforme au disque converti.
- Installer les VMware Tools lors du test pour stabiliser pilotes/horloge.
Bonnes pratiques P2V
- Isolation réseau pendant les tests (évite duplications NetBIOS/AD).
- Documenter : RAM/CPU de la VM, contrôleurs, VLAN, chemins du fichier disque, hôte d’accueil envisagé.
- Plan PRA : en cas de panne physique, copier le VHDX/VMDK sur l’hôte, créer la VM, démarrer, réactiver la carte réseau, vérifier services.
RTO/RPO : à quoi s’attendre ?
Option | RTO estimé (remise en service) | RPO estimé (perte de données max) | Commentaires |
---|---|---|---|
Bare‑Metal (WSB) | 1,5–3 h (selon taille/USB/réseau) | Selon fréquence des images (ex. hebdo) | Dépend du débit du support et de la découverte du matériel. |
Clonage hors ligne | 30–60 min (échange disque, boot) | Mise à jour à chaque nouveau clone | Très rapide si disque cloné récent prêt en étagère. |
P2V (VM) | 20–90 min (copie VHDX/VMDK + création VM) | Selon date de la dernière conversion | Excellente option temporaire en attendant réparation matérielle. |
Rappel : Les dossiers patients résident sur un autre disque (1 To) ; ce guide traite du système. Assurez en parallèle une sauvegarde régulière et chiffrée des données (NAS, bande, copie froide).
Check‑lists « avant / pendant / après »
Avant
- Vérifier journaux Système/Application (erreurs disque, VSS, NTFS).
- Noter : version de l’OS, IP, rôles, lettres des lecteurs, taille occupée de C:, schéma MBR/GPT.
- Préparer supports : clé USB WinPE/ISO 2012 R2, disque cible, disque USB chiffré.
Pendant
- Désactiver antivirus temps réel durant la copie (si recommandé par l’éditeur) pour gagner en débit.
- Éviter toute activité utilisateur (partages fermés, services arrêtés si clonage à chaud).
Après
- Tester l’image/clone/VM (boot test ou au moins montage/consistance fichiers).
- Consigner le résultat dans un registre PRA (date, durée, hash, emplacement, opérateur, observations).
- Stocker hors site et contrôler le chiffrement et l’étiquetage.
FAQ — cas réels et points d’attention
Le disque cible est plus petit : puis‑je quand même cloner ?
Oui, si l’outil supporte la copie « intelligente » et si l’espace utilisé de C: + partitions système tient sur le nouveau disque. Réduisez C: en amont via diskmgmt.msc. Sinon, optez pour une image Bare‑Metal et restaurez sur un disque d’au moins la même taille. RAID/Smart Array HP : y a‑t‑il un piège ?
Le média de clonage doit intégrer le pilote du contrôleur. En restauration Bare‑Metal, charger le pilote si l’image n’est pas vue. En cas de migration vers un simple SATA, privilégiez la P2V temporaire pour maintenir l’accès aux dossiers puis restaurez l’image sur le nouveau disque. Activation Windows et licences ?
Le Bare‑Metal conserve l’activation. Un clonage vers un matériel substantiellement différent peut déclencher une réactivation. En P2V, une réactivation peut aussi être demandée ; gardez la clé/licence sous la main. BitLocker : comment faire ?
Suspendre/désactiver le chiffrement du disque système avant un clonage hors ligne. Chiffrer les supports de sauvegarde (USB/NAS) car ils contiennent des données sensibles. Conservez les clés/phrases de récupération en coffre sécurisé. Partage réseau : pourquoi n’ai‑je qu’une version ?
Windows Server Backup sur partage réseau ne conserve que la dernière image par défaut. Pour un historique, ciblez un disque local dédié (USB eSATA/USB3) ou utilisez un logiciel tiers qui gère plusieurs points de restauration sur SMB. La VM de test perturbe le réseau ?
Oui si elle démarre sur le même LAN que le physique (même nom, même IP). En test, isolez la VM (switch interne) et laissez la carte réseau désactivée jusqu’aux vérifications d’usage.
Runbook PRA minimal (exploitable en urgence)
- Incident constaté (serveur ne boote plus) : décider de la trajectoire :
- Disque cloné prêt : échange physique → démarrage → contrôle services.
- Image Bare‑Metal : remplacer le disque, démarrer sur ISO 2012 R2, lancer la restauration.
- VM P2V : importer VHDX/VMDK sur l’hôte de secours (PC puissant/serveur), créer la VM, démarrer.
- Vérifications post‑démarrage : journal d’événements, partages SMB, comptes de service, pare‑feu, accès aux dossiers patients.
- Stabilisation : programmer immédiatement une nouvelle image/clone, mettre à jour le registre PRA (dates, supports, opérateur).
Scripts et commandes utiles
État VSS
vssadmin list writers
vssadmin list providers
vssadmin list shadows
Image Bare‑Metal immédiate (USB F:)
wbadmin start backup -backupTarget:F: -include:C: -allCritical -quiet
Planification hebdomadaire
wbadmin enable backup -addtarget:F: -schedule:22:00 -include:C: -allCritical -quiet
Vérifier style de partition
diskpart
list disk
select disk 0
list part
Réparer l’amorçage (si nécessaire après restauration)
bootrec /fixmbr
bootrec /fixboot
bootrec /rebuildbcd
bcdboot C:\Windows /l fr-FR
Sécurité, conformité et hygiène opérationnelle
- Chiffrement systématique des supports de sauvegarde et contrôle des droits d’accès (SMB, comptes dédiés, mots de passe forts).
- Rotation 3‑2‑1 : 3 copies, 2 types de supports, 1 hors site. Évitez le stockage unique au même endroit que le serveur.
- Journalisation formelle : utilisez un gabarit de registre PRA (voir ci‑dessous) pour tracer les opérations.
- Cycle de vie matériel : conserver un disque compatible (SATA 2,5″/3,5″ selon châssis) ; pour du HP ancien, anticipez la rareté du matériel.
Gabarit de registre PRA
Date/heure :
Opérateur :
Méthode : (Bare‑Metal / Clone / P2V)
Support : (USB n°X, NAS\chemin)
Hash/empreinte :
Taille image :
Durée :
Test : (montage OK / boot test OK)
Observations :
Recommandations synthétiques
- Budget minimal : activer Windows Server Backup, image Bare‑Metal hebdomadaire vers un USB dédié chiffré ; conserver la clé/DVD d’installation 2012 R2 avec le disque.
- Budget moyen : licence « Server » d’un outil de clonage ; cloner vers un SSD neuf, échanger les disques (l’ancien devient la sauvegarde étagère) ; planifier un clone hors ligne régulier.
- Continuité maximale : maintenir en parallèle une image P2V (VHDX/VMDK) testée. En cas de panne matérielle lourde, démarrer immédiatement en VM, puis planifier la remise en état du physique.
Avec ces trois filets de sécurité (image, clone, VM), vous disposez d’une copie fiable du système, d’un plan de restauration clair et d’une alternative virtuelle si le matériel devenait irréparable.
Annexe — Modèle de procédure opérationnelle (SOP)
« Clonage trimestriel hors ligne »
- Informer les utilisateurs (fermeture des partages 30 min).
- Arrêter les services applicatifs (SQL, service d’imagerie, etc.).
- Arrêt du serveur → boot sur clé WinPE de l’outil.
- Cloner Disque 0 → SSD de secours (alignement SSD coché).
- Vérification post‑copie → étiquetage → stockage hors site.
- Redémarrer sur le disque d’origine ; rouvrir les partages.
- Consigner l’opération dans le registre PRA.
« Test trimestriel de restauration » (Bare‑Metal ou VM)
- Monter l’image sur une machine de test (ou démarrer la VM convertie).
- Vérifier : ouverture de session, services, intégrité des partages, journaux, planificateur de tâches.
- Documenter les écarts et corriger la procédure si nécessaire.
Points techniques finaux
- NTP/heure : après restauration/clonage, vérifier la synchronisation de l’heure (crucial pour Kerberos/AD).
- Cartes réseau : un nouveau matériel peut créer des NIC « fantômes » ; supprimer les interfaces invisibles si conflit d’IP.
- Lettre des lecteurs : garder la même lettre pour le disque données (D: par exemple) pour éviter les chemins brisés.
- Antivirus : revalider les exclusions (bases SQL, dossiers applicatifs) et re‑programmer les analyses.
- Mises à jour : ne pas lancer une mise à niveau d’OS ; ce PRA vise uniquement la reprise à l’identique.