Faux positifs : pourquoi AVG, Avast ou Bitdefender bloquent les URL Microsoft et comment rétablir Outlook ou Teams

Depuis la mi‑juin 2024, certains antivirus (AVG, Avast, Bitdefender) bloquent soudainement l’accès à Outlook, Teams ou même Edge en signalant les domaines CDN de Microsoft comme dangereux. Voici pourquoi ces alertes sont (quasi) toujours de faux positifs et comment retrouver un fonctionnement normal sans sacrifier votre sécurité.

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Origine du blocage : heuristique, réputation et CDN Microsoft

Les domaines *.static.microsoft et *.svc.static.microsoft servent à distribuer des images, scripts et règles de télémétrie ; ils appartiennent directement à Microsoft. Lorsque Microsoft :

  • change de certificat TLS,
  • délivre la ressource depuis un nouveau nœud de son CDN,
  • ou augmente brutalement le trafic (après un correctif Windows, par exemple),

un module « Web Shield » peut considérer l’URL comme suspecte, le temps que sa base de réputation se mette à jour. Il en résulte un message d’erreur tel que « URL:Blacklist » ou « suspicious web page activity », alors qu’aucun fichier malveillant n’est détecté sur le poste.

Tableau récapitulatif : objectifs et actions immédiates

ObjectifMesures immédiatesExplications
Vérifier qu’il s’agit d’un faux positifMettre à jour les signatures de l’antivirus. Tester depuis un autre appareil ou désactiver brièvement la protection web.Les domaines appartiennent à Microsoft ; l’alerte provient d’une réputation erronée, pas d’un malware.
Rétablir l’accès sans affaiblir la sécuritéUtiliser Outlook.com ou l’appli mobile. Éviter toute exclusion permanente avant la mise à jour de l’éditeur AV.Whitelister un domaine global ouvre la porte à d’éventuelles attaques de typosquatting.
Accélérer la résolutionDéclarer le faux positif via le portail de support AV. Fournir l’URL complète et, si possible, le hash SHA‑256 de la ressource bloquée. En parallèle, ouvrir un ticket au Microsoft Security Response Center (MSRC).Les AV corrigent en général la réputation en 24–48 h lorsqu’ils reçoivent la preuve.
Assurer l’intégrité du systèmeLancer Microsoft Defender Offline ou Safety Scanner. Vérifier l’URL sur VirusTotal ; si moins de 5/60 moteurs alertent, c’est un faux positif.Vous éliminez la possibilité qu’un malware local détourne la résolution DNS ou TLS.

Pas-à‑pas pour chaque antivirus

AVG & Avast

  1. Ouvrez Menu > Paramètres > Mise à jour et forcez le téléchargement de la dernière base virale et du moteur.
  2. Redémarrez Windows ; beaucoup d’utilisateurs constatent que l’alerte disparaît après un unique redémarrage.
  3. Si le blocage persiste, allez dans Protection > Virus Chest > False Positive et déclarez l’URL concernée. Joignez une capture d’écran de l’erreur (Win+Shift+S).
  4. Dans les dernières versions, le champ « URL » accepte le joker *.static.microsoft ; préférez toutefois l’URL exacte pour éviter un contournement trop large.

Bitdefender

  1. Lancez Panneau de contrôle Bitdefender > Protection > Web.
  2. Cliquez sur Gérer les exceptions mais ne cochez pas « Autoriser » ; utilisez plutôt « Soumettre pour analyse ».
  3. Bitdefender affiche un identifiant de ticket ; conservez‑le pour suivre la résolution.
  4. Si vous devez impérativement utiliser Outlook/Teams, activez Mode Travail : la protection web reste active mais la vérification heuristique est assouplie durant 6 h.

Vérifier l’authenticité du domaine Microsoft

Avant de parler de faux positif, assurez‑vous que le domaine est orthographié correctement ; les attaquants abusent de la confiance envers Microsoft et enregistrent des noms proches (p. ex. res-public-onecdn-static-microsoft[.]com). Le domaine officiel :

  • se termine par .microsoft ou .microsoft.com,
  • présente un certificat TLS émis à Microsoft Corporation,
  • répond en CDN depuis des adresses IP appartenant à AS 8075 (Microsoft Azure Cloud).

Solutions provisoires pour Outlook, Teams, Edge, Word…

  • Outlook/Hotmail : connectez‑vous via outlook.live.com dans Edge ou un navigateur où la protection web est désactivée temporairement.
  • Teams Desktop : basculez sur la version PWA accessible depuis le navigateur ; la plupart des fonctionnalités (appels, réunions) restent disponibles.
  • Office Win32 : tant que le CDN est bloqué, l’ouverture de Word/Excel peut afficher « Connexion » sans fin. Utilisez Fichier > Compte > Déconnexion puis travaillez hors‑connexion.
  • Xbox App : passez par le Microsoft Store Web pour lancer ou installer vos jeux.

Pourquoi un faux positif peut-il durer plusieurs jours ?

Décalage entre les équipes Les équipes CDN de Microsoft changent souvent de configurations sans préavis extérieurs ; côté éditeur AV, la réputation est recalculée toutes les 30 min à 4 h. Un week‑end ou un jour férié rallonge la boucle de correction. Propagation des signatures Même après mise à jour, le tableau de bord des utilisateurs peut afficher « à jour » alors que les miroirs CDN de l’éditeur n’ont pas encore reçu la nouvelle signature. Cache local et DNS Windows, Edge ou Chrome conservent une copie de la réponse « malware » jusqu’à 30 min. Videz le DNS cache (ipconfig /flushdns) et redémarrez le navigateur.

Bonnes pratiques pour limiter les interruptions futures

  • Garder deux antivirus ? Non. Avoir Microsoft Defender + un AV tiers double les heuristiques et augmente les faux positifs. Choisissez‑en un et activez l’option Periodic Scanning de Defender pour un contrôle complémentaire non résident.
  • Automatiser les mises à jour AV (base virale & moteur) toutes les 2 h.
  • Surveiller le statut Microsoft 365 (Windows 11 Paramètres > Système > Notifications > Actions suggérées) afin d’être averti d’une panne côté Microsoft plutôt que d’accuser l’antivirus.
  • Utiliser un proxy DNS filtrant (Pi‑hole, AdGuard Home) ; si l’alerte disparaît quand le trafic passe par le proxy, le problème vient bien du module Web Shield.
  • Documenter l’incident (date, heure, version du moteur, message exact) ; ces éléments accélèrent la réponse du support.

FAQ : les questions qui reviennent le plus

Est‑il dangereux de désactiver la protection Web ?

Si vous limitez la désactivation à 10–15 min, le risque reste faible, surtout si toutes les autres couches (Exploits, Ransomware Shield, Firewall) sont toujours actives.

Pourquoi Microsoft Defender ne bloque‑t‑il pas ces URL ?

Defender utilise une liste d’exclusion interne pour ses propres domaines. Un AV tiers n’a pas forcément accès à cette liste, d’où le risque de faux positif.

Dois‑je changer mon antivirus ?

Pas nécessaire. Tous les éditeurs rencontrent parfois ce problème. L’important est de remonter le faux positif et de conserver le produit à jour.

Que faire si le support ne répond pas ?

Dans ce cas, créez un ticket via Twitter/X ou Reddit, où les Community Managers réagissent souvent plus vite. Joignez votre numéro de ticket initial ; cela relancera la chaîne interne.

Conclusion

Les blocages d’URL Microsoft par AVG, Avast ou Bitdefender sont, dans l’immense majorité des cas, de simples faux positifs liés à un changement côté CDN ou certificat. Gardez votre antivirus à jour, ne whitelistez une URL qu’en dernier recours et signalez toujours l’incident ; ainsi, vous contribuez à améliorer la détection pour tout le monde.

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