CHKDSK affiche « Fixing (E:) Stage 1… » au démarrage ? Voici comment décider s’il faut le laisser aller au bout, l’arrêter sans aggraver les dégâts, et quoi faire si vous soupçonnez une panne imminente du disque.
Vue d’ensemble
Lorsqu’un volume NTFS (ou exFAT) est marqué « sale » ou que Windows détecte des incohérences, CHKDSK se lance automatiquement au boot. Sur l’écran, vous voyez des messages comme Fixing (E:) Stage 1 of x et un compteur qui progresse fichier par fichier. Le doute habituel : peut‑on interrompre sans casser davantage, ou faut‑il patienter — parfois très longtemps ?
Ce guide vous apporte une réponse opérationnelle : comprendre ce que fait chaque phase de CHKDSK, reconnaître les symptômes d’un disque défaillant, choisir entre « laisser finir » et « arrêt de force », puis sécuriser vos données et remettre le système d’équerre.
Ce que fait réellement CHKDSK
CHKDSK (Check Disk) vérifie et répare la cohérence d’un système de fichiers et, selon les options, effectue des tests de surface. Il travaille en phases. Les intitulés diffèrent légèrement selon le système de fichiers, mais sous NTFS on observe généralement :
| Phase | Ce qui est vérifié | Ce que CHKDSK corrige | Risque si on interrompt | Ordre de grandeur de durée* |
|---|---|---|---|---|
| 1 – Fichiers (MFT) | Entrées du Master File Table : identifiants, attributs, taille, drapeaux | Entrées orphelines, tailles incohérentes, pointeurs invalides | Faible à modéré. Possibles fichiers « perdus », entrées incomplètes | De minutes à heures selon le nombre de fichiers |
| 2 – Index (répertoires) | Arborescences, liens entre dossiers et fichiers | Chaînes de répertoires cassées, index B‑tree | Modéré. Risque de répertoires inaccessibles | Similaire à la phase 1 |
| 3 – Descripteurs de sécurité | ACL, SID, héritages, journaux | ACL incohérentes, références de sécurité | Faible. Droits réinitialisés ou par défaut | Généralement rapide |
| 4 – Données des fichiers (avec /r) | Lecture de chaque cluster alloué | Remap de clusters illisibles, marquage « bad » | Élevé. Interrompre peut amplifier la corruption de données | Long : heures à jours selon capacité et état |
| 5 – Espace libre (avec /r) | Lecture des clusters non alloués | Détection préventive de secteurs défectueux | Élevé. À ne pas interrompre si possible | Très long sur gros volumes |
*La durée dépend du nombre de fichiers, de la capacité, du type de support (HDD/SSD), du contrôleur et de l’état du disque.
Points clés :
- Phase 1 touche surtout la structure logique (MFT). On peut l’interrompre en dernier recours : des incohérences subsisteront, mais le risque de « perte massive » reste généralement limité.
- À partir des phases 2–3, on réécrit davantage de métadonnées : l’arrêt est plus risqué mais encore tolérable si le disque est manifestement malade.
- Les phases 4–5 impliquent une lecture exhaustive et un remappage de secteurs défectueux (surtout utile sur HDD). Les interrompre est le plus dangereux : éviter sauf urgence absolue.
Faut‑il interrompre ou laisser finir ?
Deux principes guident la décision : la santé du disque et la progression effective de CHKDSK.
| Situation observée | Choix recommandé | Justification |
|---|---|---|
| Le pourcentage augmente, même lentement ; pas de bruit anormal ; température correcte | Laisser finir | Un scan en cours qui progresse est généralement plus sûr que d’interrompre |
| Aucune progression pendant > 12 h (pour un même compteur de fichiers) | Interrompre de force | Blocage probable : risque matériel ou corruption sévère, priorité à la sauvegarde |
| Cliquements répétés, grattements, parcs/depots de têtes, surchauffe | Interrompre de force | Signes typiques d’un HDD en fin de vie ; poursuivre peut l’achever |
| SSD récent, phase 4/5 très longue mais pas de messages d’erreur | Évaluer : si possible, laisser finir ; sinon interrompre et sauvegarder | /r lit tout le disque ; peu utile sur SSD si SMART est sain. Sauvegarde prioritaire |
| Le disque est chiffré (BitLocker) et déverrouillé | Laisser finir si santé OK | Interrompre peut rallonger la reprise. Vérifier la chauffe |
À propos des estimations fantaisistes. L’« ETA : 999:00:00 » ou des chiffres astronomiques sont souvent des espaces réservés. Concentrez‑vous sur la progression par fichiers (ex. 178 of 783 872) et sur l’activité disque (voyant, gestionnaire de tâches, bruit pour un HDD).
Comment interrompre CHKDSK en minimisant les risques
Si vous décidez d’arrêter, procédez proprement :
- Coupez l’alimentation en maintenant le bouton d’alimentation ≥ 5 s (ou via l’interrupteur d’alim pour un PC fixe). Évitez de répéter l’opération inutilement.
- Démarrez à nouveau et interrompez le démarrage 2–3 fois pour déclencher l’Environnement de récupération (WinRE).
- Dans WinRE : Dépannage ▸ Options avancées ▸ Paramètres de démarrage ▸ Redémarrer, puis appuyez sur 4 pour Mode sans échec.
- Sauvegardez immédiatement vos fichiers critiques vers un disque externe (ou le cloud si l’accès réseau est disponible).
- Vérifiez la santé du disque (voir section suivante). Si des alertes SMART apparaissent, planifiez le remplacement sans tarder.
Astuce : si CHKDSK se reprogramme à chaque boot, désactivez‑le temporairement le temps de sauvegarder :
chkntfs /x E:
(Remplacez E: par votre lettre de lecteur.)
Vérifier l’état matériel : SMART et diagnostics
Avant de relancer un contrôle approfondi, mesurez la santé du support. Sur Windows :
- PowerShell (recommandé) :
Get-PhysicalDisk | Format-Table FriendlyName, MediaType, HealthStatus, Size Get-CimInstance -Namespace root\wmi -ClassName MSStorageDriver_FailurePredictStatus | Select-Object InstanceName, PredictFailure Get-CimInstance -Namespace root\wmi -ClassName MSStorageDriver_FailurePredictData | Select-Object VendorSpecific - WMIC (héritage, encore présent sur de nombreuses versions) :
wmic diskdrive get status, model, size - Outils dédiés SMART (CrystalDiskInfo, GSmartControl, utilitaires du fabricant NVMe/SATA) pour des attributs détaillés.
Interprétez en priorité ces indicateurs :
| Attribut | Que signifie une alerte | Action |
|---|---|---|
| Reallocated Sector Count | Nombre de secteurs remappés en hausse | Remplacement du disque à planifier rapidement (HDD) |
| Current Pending Sector | Secteurs instables en attente de remap | Sauvegarde urgente ; éviter /r tant que la sauvegarde n’est pas faite |
| Uncorrectable Error Count | Erreurs de lecture non corrigées | Arrêter les tests longs ; sauver d’abord |
| Media Wearout / Percent Used (NVMe) | Usure élevée (SSD) | Éviter les écritures lourdes ; penser à remplacer |
| Temperature | Chaleur excessive ou throttling | Refroidir, vérifier boîtier/câbles, refaire les tests |
Après l’arrêt forcé : sécuriser, diagnostiquer, réparer
- Sauvegarde : copiez d’abord les dossiers à plus forte valeur (Documents, Bureaux de projets, exports de bases, archives). Si la lecture échoue, essayez en mode lecture seule ou via un Linux live pour copier au plus vite.
- Consulter le journal CHKDSK :
- Observateur d’événements → Journaux Windows ▸ Application, source Wininit (offline) ou Chkdsk (online).
- PowerShell :
Get-WinEvent -FilterHashtable @{LogName='Application'; ProviderName='Microsoft-Windows-Wininit'} | Select-Object TimeCreated, Message -First 2
- Vérifier le système (après sauvegarde) :
sfc /scannow DISM /Online /Cleanup-Image /RestoreHealthCes commandes réparent Windows lui‑même (fichiers système), indépendamment du disque utilisateur. - Relancer une vérification « douce » sous Windows monté :
chkdsk E: /scan /perf/scaneffectue une analyse à chaud sur les volumes NTFS montés. Si des corrections hors ligne sont nécessaires, Windows le signalera. - Planifier une réparation hors ligne (si le disque semble sain) :
chkdsk E: /fou, si vous suspectez des secteurs défectueux et que vous avez du temps :chkdsk E: /rAttention :/rlit chaque cluster ; utile pour HDD, rarement indispensable pour SSD et très long sur gros volumes. Toujours sauvegarder avant. - Remplacement du disque : SMART « Bad » ou erreurs matérielles récurrentes ⇒ remplacez le support. Cloner un disque malade est parfois plus efficace en créant d’abord une image « avec tolérance d’erreurs » (ex. utilitaires spécialisés) puis en réparant l’image.
Combien de temps peut durer CHKDSK ?
Sur un disque sain, quelques repères très généraux :
- NTFS, 1 To, 1–2 millions de fichiers : Phase 1–3 = de 30 min à quelques heures.
- /r sur HDD 4 To (état correct) : Phase 4–5 = de 8 h à 24 h voire plus.
- SSD NVMe moderne : les phases 1–3 sont généralement rapides ; /r reste long car il lit l’intégralité du volume.
Si vous voyez 0 progression pendant plus de 12 h sur un même lot de fichiers (le compteur « of » ne change pas), traitez cela comme un blocage et suivez la procédure « Arrêter de force ».
Cas particuliers et signaux d’alerte
- Disque externe USB : câble fatigué ou alimentation instable = erreurs intermittentes. Essayez un autre câble/port (idéalement USB‑A arrière sur PC de bureau) avant de conclure à une panne.
- E: chiffré par BitLocker : assurez‑vous que le volume est bien déverrouillé (clé/TPM). Évitez de couper l’alim pendant la déchiffre/rechiffre.
- exFAT (cartes SD, clés USB) : moins résilient que NTFS ; privilégiez la copie des données puis un reformatage complet si l’intégrité est douteuse.
- VM/disques virtuels (VHDX) : manque d’espace sur l’hôte = erreurs logiques dans l’invité. Libérez de l’espace côté hôte avant de relancer CHKDSK.
- Bruits mécaniques (HDD) : cliquetis rythmés, « bip » sourd, arrêts/redémarrages de plateau = urgence absolue. Sauvegardez ce qui est encore lisible, évitez tout scan prolongé.
Bonnes pratiques pour éviter de revivre la scène
- Backups 3‑2‑1 : 3 copies, 2 supports différents, 1 hors‑site. Testez la restauration chaque trimestre.
- Surveillance SMART hebdomadaire : un rapport rapide suffit. Automatisez une alerte si « PredictFailure = True ».
- Mise à jour firmware/driver : contrôleur SATA/NVMe, BIOS/UEFI, pilote du chipset. Résout de nombreux cas de timeouts/freeze.
- Alimentation de qualité : une PSU instable cause des corruptions silencieuses. Sur portable, évitez les décharges profondes pendant des écritures massives.
- Câblage (PC fixe) : remplacez un câble SATA douteux ; préférez des ports contrôleur natifs aux contrôleurs additionnels bon marché.
- Arrêt propre : bannissez l’extinction brutale. Les coupures répétées marquent le volume « sale » et déclenchent CHKDSK au boot.
Référentiel de commandes utiles
| Commande | Quand l’utiliser | Effet |
|---|---|---|
fsutil dirty query E: | Le volume lance CHKDSK à chaque boot | Teste si le « dirty bit » est défini (volume marqué sale) |
chkntfs /x E: | Temporiser CHKDSK pour sauvegarder d’abord | Exclut le volume des vérifications au démarrage |
chkdsk E: /scan /perf | Vérification rapide en ligne sous Windows | Analyse sans démontage, corrections mineures |
chkdsk E: /f | Erreurs logiques avérées | Corrige la structure du système de fichiers (démontage ou planification au boot) |
chkdsk E: /r | Suspicions de secteurs défectueux (surtout HDD) | Lit chaque cluster, remap les secteurs illisibles ; très long |
sfc /scannow | Windows instable après incident disque | Répare les fichiers système protégés |
DISM /Online /Cleanup-Image /RestoreHealth | Corruption de l’image Windows | Répare les composants système (store) |
Get-PhysicalDisk | Contrôle de santé rapide | État logique du disque (OK/Warning/Critical) |
Décision rapide : le mémo « stop ou encore »
- Le disque est calme & la progression continue → Laissez finir.
- Bloqué pendant > 12 h, bruits inquiétants, chaleur → Arrêtez, démarrez en mode sans échec, sauvegardez.
- SMART en alerte → Remplacement prioritaire, CHKDSK seulement après image/sauvegarde.
- SSD sain, temps précieux → Préférez
/scanet des outils du fabricant. Évitez/rsi non nécessaire.
FAQ ciblée
J’ai appuyé trop tard, CHKDSK a démarré. Puis‑je encore l’annuler ?
Une fois engagé, il n’y a pas de bouton « Annuler ». Vous pouvez couper l’alimentation en dernier recours. Sur les phases 1–3, le risque est modéré ; sur 4–5, il est élevé.
Pourquoi « Fixing (E:) Stage 1 » semble si lent ?
Parce que CHKDSK parcourt chaque entrée MFT. Sur un volume rempli de petits fichiers (photos, logs, dépôts Git), cela peut prendre longtemps. La vitesse dépend davantage du nombre de fichiers que de la capacité brute.
CHKDSK a « récupéré des fichiers perdus ». Où sont‑ils ?
Regardez les dossiers FOUND.000, FOUND.001… à la racine du volume : ils contiennent des fragments (.chk). Réintégrez‑les manuellement si vous identifiez leur nature.
CHKDSK convient‑il aux SSD ?
Oui pour les vérifications logiques (/f, /scan). Le /r lit tout le disque : il n’est pas dangereux en soi mais rarement utile sur SSD modernes et peut consommer du temps/endurance. Préférez les outils du fabricant pour la santé flash.
Après CHKDSK, Windows démarre mais plante parfois ; que faire ?
Lancez sfc puis DISM, mettez à jour pilotes/firmware, contrôlez l’alimentation et exécutez un test mémoire. Une corruption système résiduelle est fréquente après incidents disque.
Procédure pas‑à‑pas (résumé exécutif)
- Observer 10–30 min : la progression augmente‑t‑elle ? bruits/odeurs/chaud anormal ?
- Si ça progresse et pas de symptôme matériel → laisser finir.
- Si ça stagne ou symptômes matériels → arrêt de force → WinRE → Mode sans échec → sauvegarde.
- Diagnostiquer SMART → si alerte : remplacer ; sinon :
chkdsk /scanpuis/fsi demandé. - Stabiliser : SFC/DISM, pilotes/firmware, câbles/alimentation, plan de backup.
Erreurs fréquentes à éviter
- Relancer /r en boucle sur un disque malade : vous risquez d’achever un HDD en agonie avant d’avoir pu sauvegarder.
- Formater « pour aller plus vite » avant de copier : vous perdrez des données récupérables.
- Ignorer les signaux SMART (« ça tient encore ») : la panne catastrophique arrive souvent sans préavis.
- Utiliser des hubs USB non alimentés pour des disques 2,5″ : sous‑tension = erreurs de lecture = CHKDSK récurrent.
Conclusion
La meilleure option reste de laisser CHKDSK terminer quand il progresse et que le support ne montre aucun signe de faiblesse. Si l’analyse se fige ou si vous entendez des bruits inquiétants, coupez court, passez en mode sans échec, sauvegardez vos données, puis vérifiez SMART. N’entreprenez un chkdsk /r que sur un disque confirmé sain — et uniquement si nécessaire. Une fois vos données en sécurité, corriger, mettre à jour et surveiller évitera la prochaine frayeur.
Annexes utiles
Exclure temporairement un volume du check au démarrage
chkntfs /x E:
Pour rétablir le comportement normal :
chkntfs /d
Programmer un check au prochain redémarrage (hors ligne)
chkdsk E: /f
Windows vous proposera de le planifier au reboot si le volume est en cours d’utilisation.
Extraire le dernier rapport CHKDSK
Get-WinEvent -FilterHashtable @{LogName='Application'; ProviderName='Microsoft-Windows-Wininit'} |
Sort-Object TimeCreated -Descending |
Select-Object -First 1 |
ForEach-Object { $_.Message }
Checklist « santé disque » en 60 secondes
- SMART : PredictFailure = False ? Reallocated/Pending = 0 ?
- Température : < 55 °C (HDD), < 70 °C (SSD NVMe sous charge).
- Énergie : alimentation stable, pas de chute de tension ?
- Connexions : câble SATA/USB ferme, pas d’adaptateur douteux.
En bref : laissez CHKDSK faire son travail si tout semble sain ; sinon, stoppez, sauvegardez, diagnostiquez, puis réparez méthodiquement. Vos données d’abord — les réparations ensuite.

