Faut‑il garder tous les Microsoft Visual C++ Redistributable sur Windows ? Performances, sécurité et bonnes pratiques

Vous avez installé un “mega pack” de Microsoft Visual C++ Redistributable après une mauvaise manipulation ? Rassurez‑vous : les conserver ne nuit ni aux performances ni à la stabilité. Voici un guide complet, clair et actionnable pour décider quoi garder, quoi réparer et quoi éviter.

Sommaire

Conserver ou non les packages Visual C++ Redistributable ?

Vue d’ensemble de la question

Après avoir supprimé par erreur un composant Visual C++, l’utilisateur a installé un lot réunissant toutes les versions des Visual C++ Redistributable (2005, 2008, 2010, 2012, 2013, 2015‑2022, en x86/x64). Il se demande s’il peut les conserver malgré l’espace disque utilisé et un éventuel impact sur les performances.

Réponse & solution

  • Oui, il est conseillé de conserver toutes les versions installées. De nombreuses applications Windows dépendent d’une version précise ; si elle manque, le programme peut refuser de démarrer ou afficher des erreurs de type DLL manquante.
  • Impact négligeable sur les ressources. Chaque package occupe généralement 20 – 30 Mo ; l’ensemble dépasse rarement quelques centaines de Mo. Ces redistributables ne tournent pas en arrière‑plan : ils déposent des bibliothèques (DLL) chargées uniquement au lancement des applications qui en ont besoin.
  • Mises à jour et sécurité. Windows Update applique les correctifs pour les versions prises en charge. Conserver les éditions présentes garantit la réception de ces mises à jour.
  • Quand désinstaller ? Uniquement si vous êtes certain qu’aucun logiciel ne dépend de la version visée. Testez toujours vos applications après une désinstallation et prévoyez un point de restauration.

Qu’est‑ce qu’un Visual C++ Redistributable ?

Un Visual C++ Redistributable est un paquet de bibliothèques d’exécution (runtime) dont les applications écrites en C/C++ ont besoin. Lorsqu’un développeur compile son programme avec Visual Studio, l’application cible un ensemble précis de DLL (bibliothèques standard C++, C Runtime, etc.). Pour garantir la compatibilité, ces DLL sont fournies par Microsoft sous forme d’installateur redistribuable.

Ces packages s’installent côte à côte (side‑by‑side) : plusieurs versions coexistent sans se remplacer. Cela évite qu’une mise à jour pour une application casse une autre qui dépend d’une version antérieure.

Pourquoi autant de versions coexistent‑elles ?

  • Versionnement strict : une application compilée avec Visual Studio 2010 s’attend à trouver les DLL msvcr100.dll / msvcp100.dll. Une autre, compilée avec Visual Studio 2013, cherchera msvcr120.dll / msvcp120.dll, etc.
  • Chaîne unifiée 2015–2022 : depuis Visual Studio 2015, les runtimes partagent la même base (14.x). Microsoft publie un bundle “2015‑2022” (x86, x64, ARM64) qui remplace et met à jour de façon cumulative cette famille.
  • Architectures distinctes : une app 32 bits (x86) nécessite le runtime x86, même sur Windows 64 bits. Les apps 64 bits exigent le runtime x64. Sur les PC ARM64, les apps ARM64 ont besoin du runtime ARM64, tandis que les apps x86/x64 émulées exigent leurs runtimes respectifs.

Repères pratiques par version

FamilleDLL typiquesErreurs fréquentes quand absentRemarques utiles
2005 (8.0)msvcr80.dll, msvcp80.dll“MSVCR80.dll manquante”Ancienne ; encore requise par certains logiciels patrimoniaux.
2008 (9.0)msvcr90.dll, msvcp90.dll“MSVCR90.dll manquante”Fréquente sur d’anciens utilitaires et plugins.
2010 (10.0)msvcr100.dll, msvcp100.dll“MSVCR100.dll / MSVCP100.dll manquante”Très répandue dans les jeux et outils de l’époque.
2012 (11.0)msvcr110.dll, msvcp110.dll“MSVCR110.dll manquante”Souvent exigée par des suites d’entreprise.
2013 (12.0)msvcr120.dll, msvcp120.dll“MSVCR120.dll manquante”Encore demandée par de nombreux jeux et pilotes.
2015–2022 (14.x)vcruntime140.dll, vcruntime140_1.dll, msvcp140.dll, api‑ms‑win‑crt‑*“VCRUNTIME140.dll manquante”, “api‑ms‑win‑crt‑runtime‑l1‑1‑0.dll manquante”Bundle unifié ; met à jour toute la branche 14.x.

Impact sur l’espace disque et les performances

  • Empreinte disque : 20 – 30 Mo par package (selon l’architecture et l’année). Même en multipliant par plusieurs versions, on reste dans quelques centaines de Mo — insignifiant sur un PC moderne.
  • Aucune tâche en arrière‑plan : ces composants ne “tournent” pas. Ils n’ajoutent ni services résidents ni processus au démarrage. Les DLL sont chargées en mémoire uniquement quand une application les utilise.
  • Pas d’impact sur le boot : le temps de démarrage de Windows n’est pas affecté par la présence de plusieurs runtimes.
  • Chargement à la demande : Windows n’explore pas tous les runtimes pour choisir “le meilleur” ; un exécutable demande explicitement les DLL attendues.

Sécurité et mises à jour

  • Windows Update distribue les correctifs de sécurité pour les runtimes pris en charge. En les conservant, vous recevez leurs mises à jour.
  • Éditions “Minimum Runtime” et “Additional Runtime” (pour 2015‑2022) apparaissent comme des entrées distinctes dans les Applications installées ; gardez les deux, elles se complètent.
  • Conformité : évitez les packages non officiels et “mega packs” douteux. Préférez les installateurs Microsoft et ceux fournis par vos logiciels.

Faut‑il désinstaller certaines versions ?

En règle générale, non. Désinstallez uniquement si :

  • vous savez exactement qu’aucun programme installé ne s’y réfère ;
  • vous êtes en phase de nettoyage maîtrisé (par ex. image système minimaliste en entreprise) ;
  • vous avez un point de restauration et un plan de réinstallation en cas de régression.

Gains attendus : modestes (quelques dizaines de Mo). Risques : applications qui cessent de démarrer, messages d’erreur, perte de temps à diagnostiquer et réparer.

Comment vérifier ce qui est installé

Depuis l’interface

  1. Ouvrez Paramètres > Applications > Applications et fonctionnalités (Windows 10/11).
  2. Recherchez Visual C++ pour filtrer la liste.
  3. Sur les systèmes x64/ARM64, vous verrez souvent x86 et x64 (et parfois ARM64) pour 2015‑2022 — c’est normal.

Alternative classique : Panneau de configuration > Programmes > Programmes et fonctionnalités, puis triez par nom.

En ligne de commande avec Windows Package Manager

Ouvrez Terminal/PowerShell et lancez :

winget list "Visual C++"

Cette commande dresse un inventaire rapide des éléments installés contenant « Visual C++ » dans leur nom.

Inventaire précis via le Registre (2015–2022)

Pour la famille 2015–2022, Microsoft renseigne des clés dédiées. Exécutez PowerShell en tant qu’administrateur :

$paths = @(
  'HKLM:\SOFTWARE\Microsoft\VisualStudio\14.0\VC\Runtimes',
  'HKLM:\SOFTWARE\WOW6432Node\Microsoft\VisualStudio\14.0\VC\Runtimes'
)
foreach ($p in $paths) {
  if (Test-Path $p) {
    Get-ChildItem $p | ForEach-Object {
      $props = Get-ItemProperty $_.PSPath
      [PSCustomObject]@{
        Architecture = $_.PSChildName
        Installed    = $props.Installed
        Version      = $props.Version
        Build        = $props.Bld
      }
    }
  }
}

Inventaire des versions plus anciennes (toutes éditions)

Pour l’historique complet, interrogez les zones « Uninstall » du Registre :

Get-ChildItem 'HKLM:\SOFTWARE\Microsoft\Windows\CurrentVersion\Uninstall',
               'HKLM:\SOFTWARE\WOW6432Node\Microsoft\Windows\CurrentVersion\Uninstall' |
  Where-Object { $_.GetValue('DisplayName') -like '*Visual C++*' } |
  Select-Object @{n='Nom';e={$_.GetValue('DisplayName')}},
                @{n='Version';e={$_.GetValue('DisplayVersion')}},
                @{n='Editeur';e={$_.GetValue('Publisher')}} |
  Sort-Object Nom

Et si une application refuse de démarrer ?

Symptômes typiques : “VCRUNTIME140.dll manquante”, “MSVCP120.dll introuvable”, “api‑ms‑win‑crt‑runtime‑l1‑1‑0.dll manquante”. Procédez ainsi :

  1. Identifiez la famille via le message (voir le tableau ci‑dessus).
  2. Réinstallez/réparez l’édition correspondante :
    • Pour 2015–2022 : installez/réparez les deux architectures (x86 et x64). Conservez aussi “Minimum Runtime” et “Additional Runtime”.
    • Pour 2013/2012/2010/2008/2005 : installez précisément la version demandée (x86 et/ou x64 selon l’application).
  3. Relancez l’application et vérifiez.
  4. En cas d’échec :
    • Exécutez un réparateur depuis Applications et fonctionnalités sur l’élément Visual C++ concerné.
    • Contrôlez l’intégrité système : sfc /scannow puis DISM /Online /Cleanup-Image /RestoreHealth.
    • Regardez l’Observateur d’événements > Journaux Windows > Application pour repérer la DLL manquante.

Garder un “mega pack” : est‑ce risqué ?

Si votre pack regroupe les installateurs officiels (ou si vous les avez exécutés un par un), le garder est sans danger. En revanche :

  • Évitez les packs modifiés ou non signés qui prétendent “optimiser” ou “nettoyer”.
  • Si vous doutez de la provenance, vous pouvez réinitialiser proprement :
    1. Désinstallez uniquement les éléments installés le même jour que le pack douteux (notez lesquels).
    2. Redémarrez.
    3. Installez les redistributables officiels, au minimum le bundle 2015–2022 en x86 et x64 (et ARM64 si votre PC est ARM).
    4. Laissez vos applications demander et installer, au besoin, les versions plus anciennes (2013, 2012, etc.).

Bonnes pratiques et recommandations

Bonnes pratiquesPourquoi ?
Sauvegarder un point de restauration avant toute désinstallationPermet de revenir en arrière rapidement en cas d’erreur.
Installer le bundle officiel “Microsoft VC++ Redistributable 2015‑2022”Regroupe et met à jour toute la famille 14.x. Couvre la majorité des logiciels récents.
Éviter les versions non officiellesLes packages tiers peuvent être obsolètes ou altérés. Préférez les installateurs Microsoft ou ceux fournis par vos logiciels.
Sur les PC neufsLaissez l’OEM/Windows préinstaller ce qui est requis. N’enlevez rien tant que tout fonctionne.
Ne pas confondre x86 et x64Une app 32 bits a besoin du runtime x86 ; une app 64 bits du runtime x64. Sur un Windows 64 bits, vous avez souvent besoin des deux.
Garder “Minimum” et “Additional” pour 2015–2022Ces deux entrées forment un tout ; les supprimer séparément peut casser des apps.
Se méfier des “cleaners” qui promettent de supprimer les runtimes “inutiles”Ils peuvent provoquer des pannes difficiles à diagnostiquer pour un gain disque dérisoire.

Mythes et idées reçues

  • “Ces packages ralentissent Windows.” Faux. Ils n’exécutent aucun service en continu et ne pénalisent ni le boot ni l’usage courant.
  • “Une seule version suffit.” Faux. Les apps ciblent des versions et des architectures spécifiques.
  • “Je peux supprimer toutes les anciennes versions après avoir installé 2015–2022.” Faux pour les apps qui exigent 2013/2012/2010/2008/2005.
  • “Je peux copier une DLL manquante dans System32.” À éviter. Installez le redistributable complet pour garantir registres, side‑by‑side et maintenance.

Exemples concrets

  • Joueur PC : beaucoup de jeux nécessitent 2010, 2013 et 2015–2022. Conservez tout (x86/x64). En cas d’erreur sur MSVCP120.dll, installez/réparez 2013.
  • Poste bureautique : les suites d’entreprise peuvent exiger 2012/2010 pour des add‑ins anciens. Conservez‑les ; l’impact disque est minime.
  • PC ARM64 : conservez les runtimes ARM64 et x86/x64 si vous utilisez l’émulation. Ne supprimez rien par défaut.
  • Machine de développement : vous aurez souvent toutes les familles pour tester vos livrables. N’essayez pas de “standardiser” à une seule version.

Combien ça pèse réellement ?

ÉditionArchitectureEmpreinte typiqueCommentaire
2005–2013x86 ou x6415–25 Mo par entréeVarie selon la langue installée et les composants choisis.
2015–2022x86, x64, ARM6420–30 Mo par architecture (Minimum + Additional)Deux entrées visibles par archi.
Total courantmixte100–300 MoSouvent moins de 0,5 % d’un SSD moderne.

Procédure de nettoyage raisonné (si vous devez alléger)

  1. Créez un point de restauration.
  2. Inventoriez ce qui est installé (interfaces, winget ou scripts PowerShell ci‑dessus).
  3. Ne touchez pas à 2015–2022 ni aux éditions explicitement demandées par vos apps.
  4. Désinstallez au cas par cas une ancienne famille dont vous êtes certain qu’elle est inutilisée.
  5. Testez vos logiciels clés immédiatement après chaque étape.
  6. Revenez en arrière à la moindre anomalie.

Astuce : les gains en Mo sont rarement à la hauteur du temps investi. Priorisez plutôt le nettoyage des gros dossiers (cache navigateur, téléchargements, anciens points de restauration, etc.).

FAQ rapide

Dois‑je installer x86 et x64 ? Oui, sur un Windows 64 bits vous avez souvent besoin des deux, car beaucoup d’apps restent en 32 bits.

Que signifient les deux entrées “Minimum” et “Additional” pour 2015–2022 ? Elles sont complémentaires. Gardez les deux.

Un package peut‑il être “trop récent” pour un logiciel ancien ? Les familles sont distinctes ; un 2015–2022 ne remplace pas un 2013. Pour 2015–2022, les mises à jour restent compatibles au sein de la même branche 14.x.

Je vois des multiples entrées 2015–2022 avec des numéros de build différents. C’est normal : les mises à jour cumulatives remplacent les anciennes. Laissez Windows Update gérer.

Conclusion

Conserver l’ensemble des Microsoft Visual C++ Redistributable installés est la stratégie la plus sûre. Ils occupent peu d’espace, n’affectent pas les performances et garantissent le bon fonctionnement et la mise à jour des applications. N’envisagez la désinstallation que si vous avez une certitude absolue qu’aucun logiciel n’en dépend, et toujours avec un point de restauration. Pour la plupart des utilisateurs — y compris après un “mega pack” —, ne rien enlever est la meilleure décision.

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