Vous pouvez tout à fait louer un serveur dédié équipé de Windows Server 2022 Standard (Evaluation) pour vos labs ou vos tests ; il suffit de respecter la limite de 180 jours (renouvelable 6 fois) et de ne jamais héberger de production tant que l’édition n’a pas été convertie.
Vue d’ensemble : l’édition Evaluation de Windows Server 2022
Pourquoi Microsoft publie‑t‑elle une version d’évaluation ?
Le Microsoft Evaluation Center diffuse depuis de nombreuses années des éditions complètes, mais limitées dans le temps, des systèmes d’exploitation serveur. L’objectif est double :
- Permettre aux équipes techniques de tester les nouveautés avant d’acheter une licence définitive ;
- Offrir un bac à sable légal pour la formation interne, les prototypes et la validation d’applications.
Fonctionnalités identiques à la version finale
Contrairement à une « édition express » bridée, l’image d’évaluation contient l’intégralité des rôles et fonctionnalités de Windows Server 2022 Standard (DNS, Active Directory, Hyper‑V, stockage, etc.). Elle est donc idéale pour:
- Tester la montée de version d’Active Directory ;
- Valider la compatibilité applicative (IIS, .NET 8, drivers) ;
- Mettre en pratique de nouvelles fonctionnalités (SMB over QUIC, TLS 1.3, Hot‑patching, etc.).
Durée d’utilisation et remise à zéro (« rearm »)
L’activation « par défaut » confère 180 jours d’usage. Vous disposez ensuite de six remises à zéro de compteur (commande slmgr /rearm
), soit potentiellement 1 095 jours (≈ 3 ans) cumulés si vous cadrez bien vos resets. Pour vérifier le temps restant, lancez :
slmgr /dlv
Louer un serveur dédié : contexte et enjeux
Pourquoi un hébergeur propose‑t‑il l’ISO Evaluation ?
Les fournisseurs « bare metal » autorisent souvent l’installation libre d’un OS via un KVM IP ou un PXE custom. Fournir l’ISO d’évaluation leur évite deux contraintes majeures :
- Pas de facturation SPLA (contrat mensuel Microsoft payant) tant que le client reste en lab ;
- Pas de gestion de clés MAK/KMS. L’ISO s’active automatiquement pour 180 jours sans infrastructure.
Qui est responsable de la conformité ?
La règle clé du Microsoft Product Terms : « L’utilisateur final reste responsable de la conformité de ses charges de travail, même lorsque l’infrastructure est hébergée par un tiers. » Autrement dit :
- Le fournisseur peut mettre l’ISO à disposition, mais il ne délivre aucune licence commerciale par ce biais ;
- Le client doit s’assurer qu’aucun service facturé ou orienté production ne tourne sur cette instance Evaluation.
Conformité : usage permis versus usage interdit
Point clé | Explications |
---|---|
But du média « Evaluation » | Version limitée à 180 j (6 rearm max) destinée uniquement à l’évaluation, la formation et les tests. |
Usage permis | Environnement strictement interne : lab, maquette pré‑prod, apprentissage personnel. Aucun service commercial, aucun client tiers. |
Usage interdit | Toute exploitation live : site marchand, base de données client, sauvegarde facturée, VDI corporate, etc. |
Responsabilité de l’hébergeur | L’ISO n’égale pas une licence. À l’issue de la période d’essai, deux voies : 1. Conversion avec clé Retail/Volume/SPLA ; 2. Réinstallation sous licence adéquate. |
Alternatives | Abonnement Visual Studio (droits Dev/Test), images Azure Dev/Test, licence perpétuelle, hébergement SPLA. |
Que se passe‑t‑il à la fin des 180 jours ?
Sans action de votre part, Windows passe en mode « Non Genuine State » : fond d’écran noir, rappel activation, redémarrage toutes les heures. Deux solutions :
1. Conversion « in‑place » sans réinstaller
Avantages : aucune perte de données, aucune interruption des rôles AD, DNS, IIS, etc.
DISM /online /Set-Edition:ServerStandard /ProductKey:XXXXX-XXXXX-XXXXX-XXXXX-XXXXX /AcceptEula
La clé doit provenir d’un canal éligible (OEM, Retail, Volume, SPLA). La conversion bascule l’OS en mode « grâce permanente » et libère les alertes d’activation.
2. Réinstallation propre
Option souvent retenue lorsqu’on downgrade en Standard Core ou que le schéma d’AD a évolué : on en profite pour déployer une nouvelle arborescence, appliquer les GPO, patcher et migrer les données.
Alternatives Microsoft pour le non‑production
- Visual Studio Subscription : inclut des droits « Dev / Test » sur Windows Server et SQL Server (limités aux développeurs éligibles).
- Azure Dev/Test Pay‑As‑You‑Go : tarif réduit (-35 % env.) applicable aux VM Windows, réservé aux workloads hors production.
- Licences OEM ou Retail installées sur le bare‑metal, puis usage exclusif lab. Plus coûteux mais sans limite de temps.
- SPLA (Service Provider License Agreement) : si vous vendez un service SaaS, c’est la seule voie légale pour facturer un Windows Server hébergé.
Cas particulier : SQL Server sur Windows Server 2022 Evaluation
Votre scénario mentionne un développeur SQL Server. Rappel important :
- SQL Server Developer Edition est gratuite et offre toutes les fonctionnalités d’Enterprise pour les environnements non productifs.
- Installer SQL Server « Standard » ou « Enterprise » sur une machine Evaluation n’est légal que si la base de données est, elle aussi, en test.
- En production, vous devrez cumuler deux licences : Windows Server + SQL Server, ou migrer vers Azure SQL Managed Instance.
Virtualisation : quels droits sur l’édition Evaluation ?
L’édition Evaluation reprend les droits de la déclinaison qu’elle simule. Dans le cas de Windows Server 2022 Standard :
- 2 VM Windows couvertes si l’hôte est dédié à l’exécution d’Hyper‑V ;
- Au‑delà, chaque VM supplémentaire doit disposer de sa propre licence ou VM Eval.
Note : chaque VM Evaluation possède son propre compteur de 180 jours. Vous devez donc planifier separately les resets ou conversions.
Bonnes pratiques de gouvernance et de sécurité
Centralisez la preuve de conformité
Stockez dans un dépôt interne :
- Les clauses des Microsoft Licensing Terms (PDF) ;
- Les captures d’écran
slmgr /dlv
prises après chaque « rearm » ; - Les BONs (bons de commande) ou contrats SPLA si conversion.
Automatisez l’alerte de fin de période
Get-Date | Where-Object { $_ -gt (Get-ItemProperty -Path "HKLM:\SOFTWARE\Microsoft\Windows NT\CurrentVersion\SoftwareProtectionPlatform").EvaluationEndDate }
Ce script PowerShell peut déclencher un ticket IT 30 jours avant l’expiration.
Séparez clairement lab et production
- VLAN dédié, pas de routage vers le réseau client ;
- Pas de réplication de données live ;
- Accès restreint (MFA, bastion).
FAQ rapide
« Puis‑je prêter l’accès au serveur à un collègue ? »
Oui, tant que l’usage reste interne et non commercial. La licence Evaluation ne se limite pas à une personne, mais à un contexte d’évaluation.
« Et si je dépasse les 6 rearm ? »
Au‑delà, Microsoft considère que l’objectif d’évaluation est atteint. Il faut convertir ou réinstaller sous peine de violer la licence.
« Le Provider sera‑t‑il sanctionné si je passe en prod ? »
En théorie, c’est l’utilisateur final qui est exposé en cas d’audit. Mais le fournisseur peut suspendre le service pour rester conforme à son contrat SPLA.
« Les mises à jour cumulatives de sécurité s’installent‑elles quand même ? »
Oui. L’édition Evaluation reçoit exactement les mêmes correctifs que la version finale. Impossible cependant d’activer le Hotpatch payant sans licence valide.
Conclusion
L’édition Windows Server 2022 Standard (Evaluation) est un formidable terrain d’entraînement : toutes les fonctionnalités, zéro surcoût initial et jusqu’à trois ans de tests en respectant les resets. La clé du succès réside dans la discipline : séparer lab et prod, monitorer les échéances, convertir ou réinstaller à temps. En suivant ces bonnes pratiques, vous tirerez le meilleur parti de votre serveur dédié sans jamais risquer un redressement de licence.