OneDrive est excellent pour maintenir vos fichiers à jour entre appareils, mais sa « Sauvegarde » n’est pas un véritable instantané unidirectionnel. Voici comment l’utiliser efficacement et ce qu’il faut ajouter pour une vraie protection.
Résumé en une phrase
Dans OneDrive, la « Sauvegarde des dossiers » est en réalité une synchronisation bidirectionnelle (déplacement des dossiers Bureau, Documents, Images sous OneDrive), complétée par des mécanismes de rattrapage limités dans le temps (Corbeille, Historique des versions, Restauration).
Définir clairement les concepts
Concept | Objectif | Flux | Résilience aux erreurs humaines | Exemples |
---|---|---|---|---|
Synchronisation | Mettre le même contenu à jour sur plusieurs emplacements. | Bidirectionnel (cloud ⇄ appareil). | Faible : suppression/altération se propage. | OneDrive « Fichiers à la demande », « Sauvegarder les dossiers ». |
Sauvegarde (backup) | Conserver des copies indépendantes pour restaurer un état antérieur. | Unidirectionnel (source → cible), immuable/versionnée. | Élevée : permet de revenir en arrière longtemps après un incident. | Time Machine, Historique des fichiers, image système, snapshots/archives sur NAS. |
Ce que OneDrive appelle « Sauvegarde »
La fonctionnalité « Sauvegarder les dossiers » (souvent nommée PC folder backup ou Known Folder Move) déplace vos dossiers Bureau, Documents et Images dans l’arborescence OneDrive puis les synchronise dans les deux sens. Concrètement :
- Un fichier ajouté/modifié/supprimé sur votre PC se réplique dans le cloud, et inversement.
- Il n’y a pas de copie « hors‑sync » indépendante : ce n’est pas un snapshot.
- Les applications qui écrivent dans ces dossiers continuent de fonctionner sans changement de chemin visible.
Autres fonctions souvent confondues avec une sauvegarde
- Fichiers à la demande : stocke des espaces réservés localement et télécharge le contenu à l’ouverture. Utile pour gagner de l’espace, mais ça reste de la sync.
- Téléchargement automatique des photos (mobile) : envoie les clichés vers OneDrive. Pratique, mais toujours sync (suppression du téléphone → suppression synchronisée possible selon réglages et usages).
- Dossier « Pièces jointes » Outlook dans OneDrive : autre forme de synchronisation/stockage, pas un backup isolé.
Conséquences pratiques
- Propagation des erreurs : si vous supprimez un fichier par mégarde, la suppression se synchronise. Idem pour une corruption ou un chiffrement par ransomware (les fichiers chiffrés se synchronisent).
- Rattrapage limité via :
- Historique des versions : revenir à une version précédente d’un document.
- Corbeille OneDrive : récupérer des éléments supprimés pendant une période limitée.
- Restauration OneDrive : restaurer l’état du compte à une date antérieure sur une fenêtre temporelle déterminée.
Tableau comparatif : OneDrive vs une vraie sauvegarde
Caractéristique | OneDrive (sync) | Vraie sauvegarde (backup) |
---|---|---|
Nature | Réplique active et vivante, en temps (quasi) réel. | Copie figée ou versionnée, indépendante. |
Direction du flux | Deux sens. | Un seul sens (source → cible). |
Protection contre suppression/édition involontaire | Partielle via historique/Corbeille sur une durée limitée. | Élevée : on restaure une version antérieure même longtemps après. |
Protection ransomware | Détection/récupération possibles, mais sensibles aux fenêtres de rétention. | Forte si snapshots immuables et déconnectés. |
Rétention | Limitée, paramétrable (Entreprise), fixe (Personnel). | Choisie par la stratégie de sauvegarde (jours/semaines/mois/années). |
Emplacement | Cloud OneDrive + cache local. | Disque externe, NAS, coffre cloud de sauvegarde, bande. |
Objectif principal | Accessibilité, collaboration, mobilité. | Continuité d’activité, reprise après sinistre, conformité. |
Scénarios : que se passe‑t‑il si…
Événement | Effet immédiat en sync | Comment récupérer | Limites |
---|---|---|---|
Vous supprimez un dossier « Documents » par erreur | Suppression répliquée dans le cloud. | Restaurer depuis la Corbeille OneDrive ou la Restauration OneDrive. | Fenêtre de rétention limitée ; purge = perte définitive sans backup externe. |
Un ransomware chiffre vos fichiers | Fichiers chiffrés synchronisés vers le cloud. | Restauration OneDrive ou versions antérieures, si encore disponibles. | Si vous détectez tard, les fenêtres peuvent être dépassées. |
Votre PC tombe en panne | Vos fichiers existent toujours dans OneDrive. | Reconnecter OneDrive sur un autre appareil pour resynchroniser. | Ne restaure pas vos applis/système ; pas d’image disque. |
Vous déplacez un gros dossier hors de OneDrive | Il « disparaît » du cloud (déplacement = suppression côté OneDrive). | Replacer le dossier dans OneDrive ou restaurer depuis la Corbeille. | Risque de pertes si le délai de restauration est dépassé. |
Configurer correctement OneDrive (Windows)
- Activer la Sauvegarde des dossiers : dans OneDrive, ouvrez Paramètres → Synchronisation et sauvegarde → Sauvegarder les dossiers et activez pour Bureau, Documents, Images.
- Vérifier la synchronisation sélective : Paramètres → Compte → Choisir des dossiers et cochez uniquement ce que vous souhaitez garder localement. Les éléments non cochés restent en ligne (toujours accessibles via Fichiers à la demande).
- Comprendre Fichiers à la demande : clic droit sur un fichier/dossier → Libérer de l’espace (reste dans le cloud) ou Toujours conserver sur cet appareil (copie locale persistante).
- Exclure ce qui ne doit pas être synchronisé : évitez de placer des bases de données en cours d’utilisation, des fichiers PST volumineux ou des répertoires temporaires dans OneDrive (risque de verrouillage/corruption).
- Tester la restauration : créez un fichier test, supprimez‑le, récupérez‑le via la Corbeille/Versions pour valider vos réflexes.
Configurer OneDrive (macOS)
- Installez et connectez OneDrive puis, dans Préférences, activez la gestion des dossiers personnels que vous souhaitez synchroniser.
- Utilisez Fichiers à la demande (si proposé) pour optimiser l’espace disque. Les statuts d’icône (nuage, coche) signifient « en ligne uniquement » vs « local ».
- Comme sous Windows, évitez de synchroniser des fichiers en écriture continue (bases de données, bibliothèques photo non compatibles, machines virtuelles) : préférez un emplacement non synchronisé.
Ce que OneDrive offre pour « rattraper »
- Historique des versions : disponible pour de nombreux types de fichiers Office et non‑Office. Permet de restaurer une révision antérieure.
- Corbeille : deux niveaux possibles en entreprise (Corbeille de l’utilisateur puis secondaire), un niveau en édition personnelle. Le contenu est purgé automatiquement après un délai.
- Restauration de OneDrive : remonte le compte à un point antérieur (par exemple après une attaque). Période limitée.
- Détection de ransomware (édition personnelle) : alerte et guidage pour restaurer, tant que les versions/rétentions le permettent.
Important : ces capacités dépendent de paramètres (personnels ou administrés) et ne remplacent pas des sauvegardes conservées hors de l’écosystème de synchronisation.
Concevoir une vraie stratégie de sauvegarde autour de OneDrive
La meilleure approche est de combiner OneDrive (mobilité, travail en équipe) avec des sauvegardes indépendantes. La règle 3‑2‑1 reste intemporelle :
- 3 copies de vos données : l’original + 2 copies.
- 2 types de supports différents (ex. : cloud + disque local/NAS).
- 1 copie hors site (et idéalement hors synchronisation / immuable).
Modèles d’architecture recommandés
- Poste personnel : OneDrive pour les dossiers de travail + Historique des fichiers (ou Windows Backup) vers un disque USB hebdomadaire + copie mensuelle déconnectée conservée à part.
- Mac : OneDrive + Time Machine vers un disque externe/NAS + archive trimestrielle (snapshot immuable si le NAS le permet).
- PME : OneDrive/SharePoint pour la collaboration + sauvegarde tierce dédiée (agent M365 ou API) vers un stockage objet verrouillable (WORM/immutabilité) + plan de reprise testé.
Outils complémentaires (exemples)
- Windows : Historique des fichiers, Image système, ou solutions telles qu’Acronis/Macrium pour des sauvegardes image et incrémentielles.
- macOS : Time Machine pour versionner les fichiers et restaurer un Mac complet.
- NAS : snapshots, réplications, archivage immuable (si disponible) pour se prémunir contre la suppression accidentelle et les ransomwares.
Bonnes pratiques concrètes
- Ne mettez pas tout dans OneDrive : gardez hors du dossier OneDrive les répertoires qui doivent rester immuables (archives finalisées, exports légaux).
- Séparez « travail en cours » et « archives » : synchronisez le premier, sauvegardez le second sur un support indépendant.
- Programmez des sauvegardes : quotidiennes pour les fichiers actifs, hebdomadaires/mensuelles pour les images système.
- Testez vos restaurations : une sauvegarde non testée est une hypothèse. Vérifiez au moins un jeu représentatif chaque trimestre.
- Documentez votre plan : qui restaure quoi, quand et comment ; où sont les clés/chiffrement ; où sont les supports.
Check‑list de configuration express
- Activer OneDrive et les dossiers connus (Bureau/Documents/Images).
- Configurer la synchronisation sélective et les Fichiers à la demande.
- Identifier les dossiers à exclure de OneDrive (bases de données, VM, archives).
- Mettre en place un outil de sauvegarde indépendant (disque externe/NAS/cloud de backup).
- Planifier et automatiser des sauvegardes régulières + une archive déconnectée.
- Tester une restauration OneDrive et une restauration depuis votre backup.
FAQ ciblée
OneDrive peut‑il remplacer totalement une sauvegarde ?
Non. OneDrive synchronise et propose du rattrapage limité. Une sauvegarde indépendante (unidirectionnelle, versionnée, parfois immuable) reste indispensable.
La « Restauration de OneDrive » suffit‑elle contre les ransomwares ?
Elle aide si l’attaque est détectée rapidement. Au‑delà de la fenêtre de restauration, vous aurez besoin d’une sauvegarde externe capable de remonter plus loin.
Puis‑je choisir précisément ce qui est synchronisé ?
Oui : utilisez la synchronisation sélective pour choisir les dossiers de l’espace OneDrive à conserver localement. Les dossiers connus (Bureau/Documents/Images) sont synchronisés en bloc si vous activez la « Sauvegarde des dossiers ».
Que faire des énormes fichiers actifs (PST, VMs, bases) ?
Évitez de les placer dans OneDrive. Stockez‑les hors du dossier synchronisé et sauvegardez‑les via un outil de backup approprié.
Comment libérer de l’espace local sans perdre l’accès ?
Activez Fichiers à la demande, puis clic droit → Libérer de l’espace. Le fichier reste dans le cloud et se télécharge à l’ouverture.
Erreurs fréquentes à éviter
- Confondre « en ligne uniquement » et sauvegarde : un fichier libéré d’espace est toujours sous la discipline de la synchronisation.
- Nettoyer “trop bien” : supprimer des dossiers en pensant les « désynchroniser » les efface aussi du cloud.
- Négliger la purge automatique : la Corbeille et la Restauration ont des délais. Au‑delà : fin de l’histoire.
- Tout centraliser dans OneDrive : archives froides, jeux de données techniques et fichiers constamment verrouillés n’y sont pas à leur place.
Pour les administrateurs (édition Entreprise)
- Politiques de rétention et versions : ajustez la conservation des versions et la rétention selon les besoins métiers/conformité.
- KFM piloté : forcez le déplacement des dossiers connus pour homogénéiser les parcs, mais prévoyez une communication claire.
- Exclusions : appliquez des exclusions (types de fichiers/dossiers) pour éviter les contenus incompatibles avec la sync.
- Backup M365 dédié : mettez en place une solution tierce qui sauvegarde OneDrive/SharePoint/Exchange de façon indépendante, avec possibilités d’immutabilité.
- Plan PRA : testez régulièrement la restauration granulaire (fichier, site) et massive (tenant) pour garantir la continuité.
Exemples de workflows « gagnants »
- Création → Collaboration → Archivage : on crée et collabore dans OneDrive/SharePoint, puis on exporte les livrables finalisés vers un espace d’archives non synchronisé, sauvegardé en immuable.
- Photos mobiles : chargement auto vers OneDrive, tri mensuel, export annuel en archive froide (disque/NAS) + copie déconnectée.
- Projet technique : code et docs dans OneDrive/Git, données lourdes et artefacts dans un stockage local non sync, sauvegardé par jobs planifiés.
Conclusion
OneDrive excelle comme plateforme de synchronisation et de travail, avec des filets de sécurité utiles mais bornés. Pour une protection robuste, ajoutez des sauvegardes indépendantes (unidirectionnelles, versionnées, idéalement immuables) et adoptez des habitudes simples : séparer les usages, tester les restaurations et respecter la règle 3‑2‑1. Utilisé ainsi, OneDrive devient une brique solide d’un dispositif de protection moderne, sans se substituer à une vraie sauvegarde.