Outlook Desktop peut cesser d’envoyer et de recevoir au bout de quelques minutes lorsque le fichier .ost dépasse les seuils recommandés. Ce guide pas à pas vous aide à rétablir une synchronisation stable, à réduire durablement la volumétrie et à prévenir toute récidive.
Contexte et symptômes observés
Plusieurs utilisateurs équipés de Microsoft 365 Apps for Enterprise (édition E3, version 2407) constatent qu’Outlook Desktop s’arrête de synchroniser après deux à cinq minutes, alors qu’Outlook sur le web continue de fonctionner. Le fichier cache local .ost approche ou dépasse souvent cinquante gigaoctets, bien au‑delà de la recommandation pratique de rester sous vingt gigaoctets. Dans cette situation, la tâche « Mise à jour de la boîte de réception » se relance en boucle, le client semble figé, et l’envoi/réception ne se termine plus.
Pourquoi la synchronisation se bloque
Le cache Outlook repose sur un fichier de données local hautement sollicité. Quand sa taille grossit, chaque opération prend davantage d’entrées/sorties disque et de CPU. Le mode Exchange en cache doit alors :
- réconcilier en local des milliers de changements (marques de lecture, déplacements, suppressions) tout en conservant l’index de recherche ;
- gérer la latence réseau et les micro‑coupures, qui aggravent la fenêtre pendant laquelle la file de synchronisation se remplit ;
- réindexer massivement après une veille prolongée ou un changement de curseur de cache, ce qui allonge la durée perçue de « blocage ».
Résultat : dès que la boîte principale et les dossiers partagés cumulent un historique trop important, le client bascule dans un cycle de rattrapage quasi permanent.
Diagnostic éclair
Avant de corriger, validez ces points simples et rapides :
- Taille réelle du cache : Fichier ▸ Paramètres du compte ▸ Fichiers de données ▸ Ouvrir l’emplacement du fichier, clic droit sur l’.ost > Propriétés.
- État des tâches : Envoyer/Recevoir ▸ Groupes d’envoi/réception ▸ Accéder à la fenêtre d’état et observer si « Mise à jour de la boîte de réception » redémarre en boucle.
- Indexation : Fichier ▸ Options ▸ Recherche ▸ Statut d’indexation pour vérifier si la reconstruction n’est pas simplement en cours.
- Mode sans échec : lancer
outlook.exe /safe
depuis Exécuter ; si tout redevient fluide, un complément se comporte mal. - Profil : si la création d’un nouveau profil règle le problème, l’ancien cache était probablement trop volumineux ou corrompu.
Procédure de résolution recommandée
Limiter le volume local
Réduisez progressivement la période synchronisée en local pour forcer un cache partiel. Parcours : Fichier ▸ Paramètres du compte ▸ Paramètres du compte ▸ sélectionner le compte Exchange ▸ Modifier ▸ Curseur « Courrier à conserver hors connexion » → choisissez trois à six mois.
- Prévoyez une resynchronisation complète : selon la connexion et la taille de la boîte, elle peut durer longtemps.
- Pour contenir la croissance du cache, décochez Paramètres supplémentaires ▸ Avancé ▸ Télécharger les dossiers partagés si vous n’en avez pas besoin en mode hors connexion.
- Évitez de mettre en cache les dossiers publics favoris sauf usage impérieux.
Déplacer l’historique dans une archive
Activez l’Archive en ligne Exchange et définissez une stratégie qui déplace automatiquement les messages anciens.
- Activation : dans le centre d’administration Exchange, ouvrez la boîte aux lettres, puis Enable In‑Place Archive.
- Stratégie : appliquez un tag de rétention « Déplacer vers l’archive après deux ans ». Les éléments restent consultables, mais ne gonflent plus l’.ost.
- Pensez à inclure le dossier Éléments envoyés et les sous‑répertoires fortement peuplés.
Augmenter temporairement la limite du fichier cache
Si le raccourcissement du cache ne suffit pas, augmentez provisoirement la limite de taille Unicode pour laisser la synchronisation se terminer avant d’élaguer.
Registre : HKCU\Software\Microsoft\Office\16.0\Outlook\PST
→ créez/ajustez :
• MaxLargeFileSize (DWORD, en Mo) – ex. 102400 pour 100 Go
* WarnLargeFileSize (DWORD, en Mo) – ex. 95000 pour l’avertissement
Important : au‑delà d’environ cinquante gigaoctets, le risque de corruption et le coût E/S s’envolent. Cette mesure n’est qu’un filet de sécurité transitoire, le temps de déplacer/archiver.
Améliorer la couche de transport
Le protocole MAPI over HTTP gère mieux les micro‑coupures et les sorties de veille que l’ancien mécanisme. Dans Exchange Online il est nativement en place. En environnement local/hybride, vérifiez qu’il est activé côté organisation ; au besoin, appliquez la configuration correspondante via l’interface d’administration ou PowerShell.
Élaguer les boîtes et pièces jointes lourdes
Utilisez l’outil Nettoyer la boîte aux lettres (Fichier ▸ Outils ▸ Nettoyer) pour lister les dossiers volumineux et repérer les pièces jointes à déplacer vers OneDrive ou SharePoint.
Requêtes utiles dans la zone de recherche Outlook :
hasattachments:yes size:>10MB
— gros messages avec pièces jointes ;received:<=01/01/2023
— anciens messages candidats à l’archive ;category:non
— trier et catégoriser avant déplacement.
Optimiser le client Outlook
- Mises à jour : appliquez les dernières mises à jour d’Office via Fichier ▸ Compte ▸ Options de mise à jour.
- Compléments : désactivez les compléments non essentiels (Fichier ▸ Options ▸ Compléments), en particulier ceux qui interceptent l’envoi.
- Antivirus : excluez les fichiers
.ost
de l’analyse en temps réel pour éviter les verrouillages temporaires ; conservez toutefois l’analyse des pièces jointes à l’ouverture. - Stockage : placez l’.ost sur un SSD local, jamais sur un partage réseau non pris en charge.
Réparer et repartir proprement
- Nouveau profil : via Panneau de configuration ▸ Courrier ▸ Afficher les profils. C’est la réparation de référence en cas de cache abîmé.
- Réinitialiser l’envoi/réception : fermez Outlook, renommez
%appdata%\Microsoft\Outlook\Outlook.srs
puis relancez. - Réparer Office : exécutez une réparation rapide, puis approfondie si nécessaire.
- Nettoyer la navigation :
outlook.exe /resetnavpane
si le volet gauche se comporte anormalement.
Tableau de synthèse des actions
Objectif | Action détaillée | Commentaires / impacts |
---|---|---|
Limiter le volume local | Fichier ▸ Paramètres du compte ▸ Modifier ▸ curseur « Courrier à conserver hors connexion » → trois à six mois. | Réduit progressivement la taille de l’ost ; prévoir une resynchronisation complète. |
Déplacer l’historique | Activer l’Archive en ligne et appliquer une stratégie « Déplacer vers l’archive après deux ans ». | Les anciens messages restent accessibles sans alourdir le cache local. |
Augmenter temporairement la limite OST | Registre : HKCU\Software\Microsoft\Office\16.0\Outlook\PST → MaxLargeFileSize , WarnLargeFileSize . | Transitoire uniquement ; au‑delà de cinquante gigaoctets, la corruption devient plus probable. |
Améliorer le protocole | Basculer/valider MAPI over HTTP côté organisation (en local/hybride). | Meilleure résilience aux micro‑coupures et à la sortie de veille. |
Élaguer la boîte | Outil Nettoyer la boîte aux lettres, recherche des pièces jointes volumineuses, déplacement vers OneDrive/SharePoint. | Réduction durable de la taille du magasin principal. |
Optimiser le client | Mises à jour, désactivation des compléments lourds, exclusion antivirus des .ost . | Supprime les blocages externes et les verrouillages de fichier. |
Licence supérieure | Passer à Microsoft 365 E5 pour l’archive illimitée, la gouvernance avancée et la protection renforcée. | Utile si la volumétrie reste structurellement élevée malgré l’optimisation. |
Considérations spécifiques
Boîtes aux lettres partagées
- Leur mise en cache peut doubler la taille de l’ost. Désactivez le cache des dossiers partagés si l’accès hors ligne n’est pas requis.
- Pour les boîtes partagées très actives, privilégiez l’accès en ligne ou affectez‑leur une archive dédiée.
Dossiers publics et calendriers volumineux
Le cache des dossiers publics favoris et des calendriers partagés très peuplés est souvent coûteux. Décocher la mise en cache des dossiers publics et limiter la profondeur d’historique des calendriers améliore sensiblement la stabilité.
Environnements virtualisés
Sur postes VDI, utilisez des profils modernes avec disque local ou conteneurs de profil adaptés. Évitez tout stockage de l’ost sur des partages réseau classiques.
Surveillance après remédiation
- Statut d’indexation : surveillez la progression dans Fichier ▸ Options ▸ Recherche. Une recherche rapide devient instantanée lorsque l’index est complet.
- Dossier Problèmes de synchronisation : dans les Dossiers de recherche, passez en revue les erreurs résiduelles (conflicts, local failures, server failures).
- Fenêtre d’état d’envoi/réception : validez que chaque cycle se termine en quelques secondes sans redémarrage de tâche.
- Taille de l’ost : vérifiez qu’elle se stabilise nettement sous vingt gigaoctets dans les jours suivants.
Automatisation et administration
Exemples PowerShell Exchange
# Activer l'archive en ligne pour un utilisateur
Enable-Mailbox -Identity utilisateur@domaine -Archive
# Créer un tag de rétention pour déplacer après deux ans
New-RetentionPolicyTag -Name "Archive 2 ans" -Type All `
-RetentionEnabled $true -AgeLimitForRetention 730 -RetentionAction MoveToArchive
# Créer et affecter une stratégie de rétention
New-RetentionPolicy -Name "Politique Archive 2 ans" `
-RetentionPolicyTagLinks "Archive 2 ans"
Set-Mailbox -Identity utilisateur@domaine -RetentionPolicy "Politique Archive 2 ans"
Exemples pour le registre Windows
:: Augmenter temporairement la limite OST (valeurs en Mo)
REG ADD "HKCU\Software\Microsoft\Office\16.0\Outlook\PST" /v MaxLargeFileSize /t REG_DWORD /d 102400 /f
REG ADD "HKCU\Software\Microsoft\Office\16.0\Outlook\PST" /v WarnLargeFileSize /t REG_DWORD /d 95000 /f
:: Clés ANSI (rare) pour référence
REG ADD "HKCU\Software\Microsoft\Office\16.0\Outlook\PST" /v MaxFileSize /t REG_DWORD /d 20480 /f
REG ADD "HKCU\Software\Microsoft\Office\16.0\Outlook\PST" /v WarnFileSize /t REG_DWORD /d 19500 /f
Vous pouvez déployer ces paramètres via des modèles d’administration et une stratégie de groupe sur les postes concernés.
Bonnes pratiques durables
- Conserver sous un seuil cible : maintenir l’ost sous vingt gigaoctets offre un excellent compromis performance/fiabilité.
- Combiner trois leviers : cache partiel, archive en ligne et nettoyage régulier des pièces jointes volumineuses.
- Éduquer les équipes : adopter le réflexe de déplacer les gros fichiers vers OneDrive/SharePoint et d’envoyer des liens plutôt que des pièces.
- Surveiller : suivez mensuellement les tailles de boîtes et l’occupation de l’ost sur un échantillon d’utilisateurs lourds.
Questions fréquentes
Pourquoi Outlook sur le web fonctionne‑t‑il alors que le client est bloqué ?
Outlook sur le web interroge directement le serveur Exchange ; il n’a pas de cache local à maintenir. C’est précisément le cache local surdimensionné qui pénalise le poste.
ScanOST existe‑t‑il encore ?
Non. L’outil a été retiré ; en cas d’erreur de cache, on recrée un profil et un ost neuf. ScanPST s’applique aux fichiers .pst, pas aux caches Exchange modernes.
Faut‑il compresser l’ost ?
La compression n’apporte que peu de bénéfices quand la volumétrie sous‑jacente reste élevée. Priorisez l’archive en ligne et le cache partiel, qui agissent sur la cause.
Peut‑on stocker l’ost sur un partage réseau ?
Non. Ce scénario n’est pas pris en charge et provoque des corruptions et des blocages. Utilisez un SSD local.
Changer le curseur de cache fige Outlook pendant longtemps, est‑ce normal ?
Oui. Outlook reconstruit alors la hiérarchie, resynchronise et réindexe ; surveillez le Statut d’indexation pour suivre l’avancée. Évitez de fermer le client durant cette phase.
Parcours de remédiation conseillé
- Mettre à jour Outlook et démarrer en mode sans échec pour écarter les compléments fautifs.
- Réduire le curseur « Courrier à conserver hors connexion » et désactiver la mise en cache des dossiers partagés.
- Activer l’archive en ligne et appliquer la stratégie de déplacement automatique des éléments anciens.
- Augmenter temporairement la limite MaxLargeFileSize uniquement si nécessaire pour achever la synchronisation.
- Élaguer les pièces jointes volumineuses et déplacer vers OneDrive/SharePoint.
- Recréer le profil si le cache présente des symptômes persistants.
Cas d’entreprise et déploiement
Pour un parc étendu, industrialisez :
- Inventaire : collectez la taille de l’ost, le nombre de boîtes partagées et la version Outlook.
- Politiques : imposez par GPO un cache partiel par défaut et limitez la mise en cache des dossiers partagés.
- Rétention : déployez une stratégie Exchange de déplacement automatique vers l’archive au‑delà de deux ans.
- Communication : guide express pour retrouver des pièces jointes dans l’archive et bonne pratique du partage par lien.
- Contrôle : mesurez la réduction moyenne de l’ost et le taux d’incidents send/receive à trente et soixante jours.
Rappels essentiels
- Le cache local n’est pas un coffre‑fort : sauvegardez côté serveur, pas en copiant l’ost.
- Chaque bascule du curseur de cache entraîne une phase de resynchronisation longue ; planifiez‑la hors heures de pointe.
- Maintenez l’ost nettement sous vingt gigaoctets et surveillez les postes lourds.
Informations complémentaires utiles
- Microsoft ne fournit plus l’outil ScanOST ; la solution reste la recréation du profil en cas d’erreur de cache.
- Après modification du curseur de cache, Outlook peut sembler figé ; surveillez Fichier ▸ Options ▸ Recherche ▸ Statut d’indexation pour suivre la progression.
- Maintenir le fichier .ost sous vingt gigaoctets est la meilleure prévention : combinez cache partiel, archivage en ligne et nettoyage régulier.
Conclusion
Le blocage de la synchronisation Outlook après quelques minutes résulte presque toujours d’un cache local devenu trop lourd ou d’un client empêtré dans une phase de rattrapage. En appliquant les mesures décrites — cache partiel, archivage en ligne, réduction des pièces jointes, modernisation du protocole et, si besoin, relance sur profil neuf — vous rétablissez une synchronisation stable tout en conservant un accès rapide aux anciens courriels via l’archive en ligne ou via Outlook sur le web.