Désactiver l’avertissement SmartScreen dans le nouvel Outlook : état des lieux et meilleures alternatives

Depuis l’arrivée du « nouvel » Outlook pour Windows (2023‑2024), un avertissement SmartScreen s’affiche à chaque export d’e‑mail vers l’Explorateur. Voici un tour complet d’horizon pour comprendre le phénomène, évaluer les risques et accélérer vos flux d’archivage sans sacrifier la sécurité.

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Pourquoi ce message de sécurité apparaît‑il ?

Le client Outlook modernisé repose sur WebView2, c’est‑à‑dire le moteur Microsoft Edge. À la moindre opération assimilée à un téléchargement – y compris un glisser‑déposer vers le bureau – le filtre SmartScreen App Reputation (AppRep) analyse le fichier généré : ici, un .eml. Faute de réputation établie dans le cloud Microsoft Defender, l’objet est marqué « potentiellement dangereux ». Il en résulte la fameuse boîte de dialogue :

Ce fichier pourrait endommager votre appareil. Voulez‑vous quand même le conserver ?

Comment fonctionne AppRep ?

  • Chaque fichier reçoit un hash.
  • Le client interroge un service Defender pour connaître la réputation associée.
  • Si le hash est inconnu ou mal noté : alerte et choix Conserver/Supprimer.
  • Une fois suffisamment de télémétries positives collectées, le fichier passera silencieusement.

Or, un .eml produit localement reste unique ; il n’obtiendra donc jamais ce « score » rassurant, d’où l’avertissement perpétuel.

État officiel au 31 août 2025

Point cléDétail
Origine du messageFiltre SmartScreen AppRep intégré via WebView2/Edge.
Paramètre dans OutlookAbsence d’option UI ou d’interrupteur caché. Les équipes Outlook qualifient la vérification de « critique ».
Stratégies Windows/EdgeLa GPO DisableSmartScreenAppRepWarnings et la désactivation par MDM n’ont aucun effet.
MDM ciblant attachments.office.netEfficace dans OWA, inopérant dans le client moderne.
Feuille de routeAucune date ferme, malgré plusieurs remontées UserVoice / forums Tech Community.

Pourquoi ne pas tout simplement désactiver SmartScreen ?

Désactiver SmartScreen au niveau système ou navigateur supprime certes la fenêtre mais expose l’endpoint à :

  • téléchargements malveillants non détectés (executables, scripts),
  • attaques de phishing,
  • fichiers Office piégés (.docm, .xlsb),
  • dégradation de la conformité (CIS, ISO 27001, NIS2, etc.).

Dans la majorité des environnements professionnels, cette option est donc proscrite par la gouvernance cybersécurité.

Solutions de contournement testées et validées

1 ‑ Continuer sur le client Win32 ou OWA

Le client « classique » (Outlook 2016/2019/ Microsoft 365) n’utilise pas WebView2 ; le glisser‑déposer reste instantané. Idem pour Outlook Web App via Edge ou Chrome, si une stratégie MDM autorise le domaine attachments.office.net.

2 ‑ Exporter en bloc avec PowerShell ou Power Automate

Au lieu d’un export manuel :

# Exemple simplifié
Add-Type -AssemblyName "Microsoft.Office.Interop.Outlook"
$outlook  = New-Object -ComObject Outlook.Application
$ns       = $outlook.GetNamespace("MAPI")
$source   = $ns.Folders.Item("Boîte de réception").Folders.Item("À classer")
$destPath = "D:\Archive_EML"

foreach (\$mail in \$source.Items) {
\$safeName = (\$mail.Subject -replace '\[\\/:\*?"<>|]', '\_')
\$mail.SaveAs("\$destPath\$safeName.eml", 9) # 9 = olSaveAsType.olRFC822
}

Bilan : rapidité, suppression du clickstorm, traçabilité dans les logs. Un modèle équivalent Power Automate (action « Enregistrer la pièce jointe » + connecteur OneDrive) produit des .msg ou .eml en masse sans alerte.

3 ‑ Préférer le conteneur PST

Outlook permet toujours Fichier ▸ Ouvrir & exporter ▸ Exporter/Importer ▸ Export vers un fichier PST. Un PST regroupe des milliers d’e‑mails, réduit les I/O disque et contourne SmartScreen (il s’agit d’un format Microsoft signé).

4 ‑ Limiter les clics, automatiser la fenêtre

Pour les rares cas où le nouvel Outlook est indispensable :

  • Raccourci clavier Alt + K : sélectionne « Conserver » quand la boîte est au focus.
  • PowerToys « Always on Top » : garez la fenêtre à un coin de l’écran, elle réapparaît toujours au même endroit.
  • AutoHotkey :
    WinWaitActive, POTENTIALLY harmful Send, !k

5 ‑ ZIP intermédiaire

Un lot d’e‑mails se compresse d’abord (Enregistrer sous ▸ Dossier compressé), puis s’extrait hors d’Outlook. Une seule alerte SmartScreen s’affiche lors du .zip.

Zoom : pourquoi la GPO « DisableSmartScreenAppRepWarnings » échoue‑t‑elle ?

Parce que :

  1. La clé de Registre Software\Policies\Microsoft\MicrosoftEdge\PhishingFilter cible l’exécutable msedge.exe.
  2. Le nouvel Outlook invoque msedgewebview2.exe, process séparé non géré par la même sous‑branche GPO.
  3. À ce jour, Microsoft n’a pas livré de hostable WebView2 policy bridge pour transférer la stratégie.

Ainsi, même si Edge « classique » cesse d’alerter sur les téléchargements, WebView2 conserve son propre filtre.

Considérations pour les administrateurs MDM / Intune

Les profils de configuration susceptibles d’aider :

  • SmartScreen for Edge  : inefficace comme indiqué.
  • Defender ▸ Remédiation automatique   : peut placer les .eml en quarantaine silencieuse et réduire le nombre de pop‑ups, mais pas les supprimer.
  • Configuration catalogue ▸ Office  ▸ Outlook  : aucune entrée relative au téléchargement hors ligne dans la version actuelle.

Conclusion : maintenez temporairement Outlook Win32 ou OWA dans les postes critiques (pôles d’archivage, services juridiques) jusqu’à la parution d’un vrai paramètre de désactivation.

FAQ express

Le nouvel Outlook propose‑t‑il un mode « prise en charge légale » (Litigation Hold) sans SmartScreen ?

Oui ; la fonctionnalité Litigation Hold est indépendante. Les courriels restent indexés côté serveur. L’alerte SmartScreen ne concerne que l’exportation locale.
Existe‑t‑il un registre caché (OverrideDownloadWarnings) comme dans Office 2010 ?

Non. Les équipes Office confirment qu’aucune option backstage n’est implémentée.
Les fichiers .msg déclenchent‑ils la même alerte ?

Oui, car ils sont également considérés comme fichiers externes. Toutefois, les .pst, .ost et .zip signés ne posent pas problème.

Perspectives et recommandations stratégiques

Microsoft a officiellement indiqué travailler sur :

  • Un paramètre Outlook Settings ▸ Mail ▸ Save pour « bypasser les avertissements pour les fichiers générés localement ».
  • Une stratégie ADMX/Intune dédiée (« AllowSuppressDownloadWarnings = Enabled »).
  • L’élargissement du champ d’application de DisableSmartScreenAppRepWarnings aux processus WebView2.

Néanmoins, aucun jalon n’est divulgué. Dans l’intervalle, l’équation se résume à :

Productivité ⚖ Sécurité

Si votre activité dépend d’exports massifs, conservez Outlook Win32. Sinon, adaptez vos processus : scripts, Power Automate, conteneurs PST, automatisation clavier.

Conclusion

Le message « …pourrait endommager votre appareil » n’est pas un bogue ; c’est un garde‑fou imposé par SmartScreen. Ni GPO, ni MDM, ni réglage Outlook ne permet actuellement de le masquer. Les entreprises doivent donc choisir entre :

  • statu quo et quelques clics supplémentaires,
  • retour temporaire au client Win32/OWA,
  • outils d’automatisation pour neutraliser l’impact humain.

En restant informé des futures annonces Microsoft et en appliquant les contournements présentés, vous préservez à la fois la productivité et le niveau de protection attendu par votre organisation.

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