Outlook : « Se désabonner » après un signalement de hameçonnage — risques, bonnes pratiques et réglages sécurité

Outlook affiche « Se désabonner » juste après « Signaler comme hameçonnage/indésirable ». Bonne idée ? Pas toujours. Voici pourquoi ce choix peut augmenter le spam et comment configurer Outlook pour rester protégé, à la maison comme en entreprise.

Sommaire

Problématique : l’option « Se désabonner » proposée après « Signaler comme hameçonnage/indésirable » dans Outlook

Ce qui a été observé

  • Depuis mi‑2024, Outlook (bureau, Web et « nouvel Outlook ») affiche, après un signalement, une boîte de dialogue proposant :
    1. Signaler le message à Microsoft ;
    2. Bloquer l’expéditeur ;
    3. Se désabonner (si le mail contient l’en‑tête List‑Unsubscribe).
  • Des spammeurs ajoutent désormais cet en‑tête pour se donner un vernis de légitimité ; cliquer « Se désabonner » confirme que votre adresse est valide et peut déclencher une hausse massive de pourriels.
  • De nombreux utilisateurs rapportent une recrudescence de spam après avoir cliqué « Se désabonner » sur des courriels frauduleux.

Pourquoi cette conception est risquée

Le bouton « Se désabonner » exploite exclusivement l’en‑tête List‑Unsubscribe du message. Dans un écosystème sain (newsletters légitimes), cet en‑tête renvoie vers une adresse mailto: gérée ou une URL HTTPS contrôlée par l’expéditeur qui supprime réellement l’abonnement. Mais dans un scénario d’hameçonnage :

  • le bouton contacte une ressource contrôlée par l’attaquant (adresse ou URL) ;
  • ce contact confirme au fraudeur que votre boîte existe, est lue, et n’a pas de filtre bloquant ;
  • votre adresse peut alors être revendue comme « active », augmentant le volume de spam.

Autrement dit : « Se désabonner » est sûr uniquement lorsque vous aviez réellement consenti à recevoir l’envoi et que l’expéditeur est connu et conforme.

Bonnes pratiques simples

Situation du messageAction recommandéePourquoi ?
Spam / hameçonnage évident (non sollicité)– Ne pas cliquer « Se désabonner ».
– Le supprimer ou le placer dans « Indésirable ».
– Optionnel : « Signaler » sans se désabonner.
Le clic valide votre adresse auprès du fraudeur.
Communication légitime (newsletter, entreprise connue)« Se désabonner » est sans danger.L’en‑tête pointe vers un serveur fiable ; le retrait est respecté.
Expéditeur récurrent et reconnuUtiliser « Bloquer l’expéditeur ».Évite les retours futurs de cette adresse/domaine.

Comment agir dans Outlook (bureau, Web et « nouvel Outlook »)

Signaler sans se désabonner

  • Outlook classique (Windows/Mac) : dans le ruban, ouvrez Courrier indésirable > Hameçonnage (ou utilisez l’add‑in « Signaler le message ») puis, si une boîte s’ouvre avec « Se désabonner », ne cochez que « Signaler/Bloquer ».
  • Outlook sur le Web / nouvel Outlook : sélectionnez le message > Indésirable ou Hameçonnage ; si une fenêtre propose « Se désabonner », laissez l’option décochée.
  • Mobile (iOS/Android) : utilisez Déplacer vers Indésirable ou Signaler. Évitez toute action « Se désabonner » sur du non sollicité.

Bloquer un expéditeur ou un domaine

  • Outlook classique : clic droit sur le message > Courrier indésirable > Bloquer l’expéditeur. Pour le domaine : Courrier indésirable > Options du courrier indésirable > Expéditeurs bloqués > ajoutez @domaine.tld.
  • Outlook sur le Web / nouvel Outlook : > Bloquer. Pour un domaine : Paramètres > Courrier > Courrier indésirable > Expéditeurs et domaines bloqués.

Supprimer et purger

Après signalement, supprimez le message et videz le dossier « Éléments supprimés » pour empêcher tout réveil accidentel d’un lien malveillant lors d’une recherche ultérieure.

Points techniques : ce que fait réellement « Se désabonner »

  • La commande utilise uniquement l’en‑tête List‑Unsubscribe (et éventuellement List‑Unsubscribe‑Post pour le « One‑Click »). Elle n’exécute pas un lien présent dans le corps du message.
  • Deux mécanismes courants : mailto: (envoi d’un e‑mail de désabonnement) et https: (appel direct d’une URL). Dans un spam, ces destinations restent sous contrôle de l’attaquant.
  • Les « Règles » Outlook classiques (texte/expéditeur) sont facilement contournées : variations d’adresses, d’orthographe et d’infrastructure. Appuyez‑vous d’abord sur le signalement/hameçonnage et le blocage.

Encadré technique — Exemple d’en‑têtes

Authentication-Results: spf=fail (domain of bad.example does not designate ...)
  dkim=none; dmarc=fail
List-Unsubscribe: <mailto:unsubscribe@bad.example>, <https://bad.example/u/abc123>
List-Unsubscribe-Post: List-Unsubscribe=One-Click
  

Dans ce cas, un clic « Se désabonner » contacte bad.example. Si vous n’avez jamais demandé ces envois, ne cliquez pas.

Vérifier les en‑têtes (SPF/DKIM/DMARC) en pratique

Un courrier légitime présente généralement des empreintes d’authentification cohérentes (SPF/DKIM/DMARC). Voici comment les consulter :

  • Outlook sur le Web / nouvel Outlook : ouvrez le message > > Afficher > Afficher l’en‑tête du message.
  • Outlook classique : double‑cliquez pour ouvrir le message > Fichier > Propriétés > section En‑têtes Internet.
Signal d’en‑têteLecture rapideAction conseillée
spf=pass + dkim=pass + dmarc=passAuthentifié (pas forcément légitime, mais mieux cadré).Si vous reconnaissez l’expéditeur, « Se désabonner » est acceptable.
spf=fail/softfail ou dkim=fail, dmarc=failOrigine douteuse ou falsifiée.Ne pas se désabonner. Signalez et/ou supprimez.
Présence de List‑Unsubscribe mais signature absenteLe désabonnement pourrait être piégé.Évitez. Bloquez l’expéditeur si récurrent.

Mesures complémentaires possibles

  1. Vérifier les en‑têtes : si SPF, DKIM ou DMARC échouent et que vous n’êtes pas abonné, ne vous désabonnez pas.
  2. Renforcer le filtrage :
    • Compte personnel : Paramètres ▸ Courrier indésirable ▸ Niveau : Exclusif.
    • Entreprise : demander à l’admin d’appliquer des politiques « Strict » dans Exchange Online Protection / Defender for Office 365 (anti‑phishing, anti‑spam et anti‑malware).
  3. Utiliser des alias/boîtes jetables : pratique quand l’adresse principale commence à fuiter (ex. adresse+source@domaine).
  4. Remonter le problème : via Feedback Hub ou canaux Microsoft 365, demandez :
    • la suppression de « Se désabonner » sur les messages déjà classés hameçonnage ;
    • un bouton « Signaler uniquement » clair et sans effets secondaires.

Réglages recommandés — pas‑à‑pas

Outlook.com / Compte personnel

  1. Ouvrez Paramètres (icône d’engrenage) > Courrier > Courrier indésirable.
  2. Activez le niveau de filtrage Exclusif pour n’autoriser que les expéditeurs et listes sûrs.
  3. Ajoutez vos listes de diffusion fiables à Expéditeurs et domaines approuvés.
  4. Dans Expéditeurs et domaines bloqués, ajoutez les domaines dommageables récurrents.

Organisation / Entreprise (EOP & Defender for Office 365)

  1. Appliquez une stratégie anti‑phishing stricte (détection d’usurpation, similitudes de domaines, utilisateurs VIP).
  2. Renforcez la stratégie anti‑spam (bulk threshold, durcissement sur SPF/DKIM/DMARC fail, mise en quarantaine des messages suspects).
  3. Activez Safe Links et Safe Attachments pour neutraliser les URL/pièces jointes malveillantes.
  4. Créez des listes autorisées pour les partenaires authentifiés (nécessite SPF/DKIM/DMARC valides) plutôt que d’ouvrir la porte aux « désabonnements » non sollicités.

Exemples concrets & scénarios

Exemple 1 — « Facture en retard » d’une société inconnue

  • En‑têtes : spf=fail, pas de dkim, dmarc=fail, présence de List‑Unsubscribe vers https://pay‑now.bad.tld/u/....
  • Action : Signaler comme hameçonnage → Ne pas se désabonner → Supprimer.

Exemple 2 — Newsletter d’un média où vous étiez abonné

  • En‑têtes : spf=pass, dkim=pass, dmarc=pass. Lien de désinscription cohérent avec le domaine officiel.
  • Action : Se désabonner sans risque.

Exemple 3 — Promotions quotidiennes d’un « marchand » jamais utilisé

  • En‑têtes : spf=softfail, dkim=none, dmarc=none.
  • Action : Bloquer l’expéditeur, ne pas se désabonner, signaler si vous avez le temps.

Arbre de décision rapide

QuestionSi oui…Si non…
Connaissiez‑vous cet expéditeur et vous y êtes‑vous inscrit volontairement ?Utilisez « Se désabonner ».Signalez/supprimez, ne cliquez pas sur « Se désabonner ».
SPF/DKIM/DMARC « pass » et domaine cohérent ?Probablement légitime. Désabonnement OK.Risque élevé. Évitez le désabonnement.
Reçoit‑on ces messages de façon récurrente du même expéditeur ?Bloquer l’expéditeur pour couper court.Se limiter au signalement/suppression.

Mythes & réalités

MytheRéalité
« Cliquer se désabonner réduit toujours le spam »Faux. Sur du non sollicité, c’est souvent un validateur d’adresse pour les fraudeurs.
« Si le bouton est dans Outlook, c’est sécurisé »Non. Outlook suit l’en‑tête fourni par l’expéditeur, y compris si c’est un attaquant.
« Bloquer l’expéditeur suffit à tout arrêter »Partiel. Les spammeurs changent d’adresses et de domaines ; combinez blocage + signalement.
« Un SPF/DKIM/DMARC pass garantit la légitimité »Non : c’est un signal, pas une preuve d’éthique marketing.

FAQ express

Question fréquenteRéponse synthétique
Puis‑je signaler et bloquer sans me désabonner ?Oui : cochez seulement « Bloquer l’expéditeur » (et/ou « Signaler »).
Le signalement transmet‑il mes données personnelles ?Microsoft reçoit le message pour analyse ; « Se désabonner » contacte en plus l’expéditeur, d’où le risque.
Comment reconnaître un courriel légitime ?Adresse claire, domaine cohérent, SPF/DKIM/DMARC valides, relation antérieure avec l’expéditeur.
Existe‑t‑il des filtres plus agressifs ?Oui : niveau « Exclusif » (Outlook.com) ou politiques renforcées EOP/Defender en entreprise.
Que faire d’un lien « Se désabonner » dans le corps du message ?Ne cliquez pas tant que vous n’avez pas établi la légitimité. Préférez le bouton interne uniquement pour des listes connues.
Le « One‑Click » de désabonnement est‑il sûr ?Seulement pour des expéditeurs réputés. Sur un spam, c’est un raccourci vers l’infrastructure de l’attaquant.

Modèle de communication à diffuser en interne

À toute l’équipe : Si vous recevez un message non sollicité ou suspect, utilisez Signaler ou déplacez‑le dans Indésirable. Ne cliquez jamais sur « Se désabonner » à moins d’être certain d’être abonné. En cas de doute, transférez au support sécurité.

Checklist d’audit rapide (administrateurs)

  • ✅ Stratégies anti‑phishing activées (VIP, usurpation, similitude de domaines).
  • ✅ Stratégies anti‑spam « Strict » (bulk threshold, rejets/quarantaines sur échecs d’authentification).
  • Safe Links et Safe Attachments activés.
  • ✅ Sensibilisation des utilisateurs : se désabonner uniquement des listes connues.
  • ✅ Processus de remontée des messages douteux (journaux/quarantaines consultés quotidiennement).
  • ✅ Aliasing ou plus‑addressing documenté pour les inscriptions publiques.

À retenir

  • Jamais de désabonnement pour un mail non sollicité ; cela dessert votre sécurité.
  • Utilisez Signaler (ou supprimez) pour entraîner le filtre, Bloquer pour les cas récurrents, et Se désabonner uniquement lorsque vous vous étiez vraiment inscrit.
  • La conception actuelle d’Outlook peut prêter à confusion ; le relais utilisateur (feedback) est indispensable pour pousser Microsoft à désactiver « Se désabonner » sur les signalements de hameçonnage.

Résumé opérationnel

Règle d’or : si vous n’avez pas demandé l’e‑mail, n’utilisez pas « Se désabonner ». Signalez, bloquez, supprimez. Vérifiez au besoin SPF/DKIM/DMARC. Renforcez les politiques côté tenant ou compte personnel (Exclusif). Formez les utilisateurs et remontez à Microsoft l’ambiguïté de l’interface.

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