Depuis décembre 2024, un grand nombre d’utilisateurs d’Outlook 365 voient l’authentification Gmail échouer avec « localhost refused to connect » (erreur 8011 / ERR_CONNECTION_ABORTED
). Voici un guide concret, reproductible et sûr pour rétablir la connexion IMAP sans modifier ports, TLS ni mots de passe.
Vue d’ensemble du problème
Lors de la connexion ou de la reconnexion d’un compte Gmail dans Outlook 365 (version « classique » ou nouvelle application), le parcours OAuth2 s’ouvre dans le navigateur, l’accès « Microsoft apps & services » est bien accepté, mais la redirection finale vers localhost échoue. Résultats typiques :
- Bannière jaune persistante « Sign in via browser » dans Outlook.
- Tests de compte via Fichier > Paramètres du serveur > Tester… qui réussissent, alors que l’envoi/réception IMAP réels échouent.
- Gmail fonctionne dans le navigateur, sur mobile ou sur un autre PC, ce qui inocente le mot de passe et la configuration des ports.
La cause la plus fréquente est une interférence locale empêchant le « mini-serveur » d’écoute temporaire qu’Outlook lance en 127.0.0.1:<port_éphémère>
de recevoir le code de validation. Très souvent, elle provient de lignes parasites dans les fichiers hosts
/hosts.ics
ou d’anciennes informations d’identification OAuth2 corrompues.
Solution consolidée
Appliquez la séquence ci‑dessous dans l’ordre. Elle corrige la grande majorité des cas en quelques minutes.
Étape | Action | Détails clés |
---|---|---|
1 | Neutraliser les entrées parasites dans les fichiers hosts | Chemin : C:\Windows\System32\drivers\etc .Ouvrir hosts et (si présent) hosts.ics avec le Bloc‑notes en mode administrateur. Rechercher toute ligne contenant mshome.net ou une redirection 127.0.0.1 inconnue ; ajouter # devant pour commenter ou supprimer la ligne.Enregistrer. |
2 | Nettoyer les identifiants OAuth2 | Panneau de configuration > Gestionnaire d’identifiants > Identifiants Windows. Supprimer chaque entrée MicrosoftOffice16_Data:OAUTH2 liée à tp_google_imap_Oauth2 (une par compte Gmail). |
3 | Révoquer puis ré‑accorder l’accès côté Google | Compte Google > Sécurité > Vos connexions à des applications tierces : retirer « Microsoft apps & services ». Relancer Outlook : la bannière « Sign in via browser » réapparaît ; refaire l’authentification en cochant la case d’autorisation. |
4 | Redémarrer le PC | Garantit le rechargement des fichiers hosts et des jetons après nettoyage. |
✅ Dans la majorité des cas, commenter ou supprimer les trois entrées
mshome.net
(créées par des virtualiseurs : Hyper‑V, WSL, VMware/Workstation, etc.) rétablit immédiatement la redirection OAuth2 et la synchronisation IMAP.
À qui s’adresse ce guide
- Utilisateurs d’Outlook 365 « classique » et de la nouvelle application Outlook pour Windows.
- Windows 10/11, PC personnels ou gérés (AD/AAD/Intune).
- Comptes Gmail personnels et Google Workspace utilisant IMAP avec OAuth2.
Étapes détaillées
Neutraliser les entrées parasites dans les fichiers hosts
Pourquoi c’est crucial. Lors de l’authentification, Outlook démarre un écouteur local en 127.0.0.1
avec un port temporaire pour recevoir le « code » final depuis le navigateur. Des ajouts dans hosts
ou hosts.ics
peuvent détourner ou court‑circuiter la résolution locale, ou introduire une règle de bouclage agressive qui fait avorter la connexion (ERR_CONNECTION_ABORTED
).
Ouverture sécurisée du fichier.
- Cliquez sur Démarrer, tapez Bloc‑notes, faites un clic droit > Exécuter en tant qu’administrateur.
- Dans le Bloc‑notes, Fichier > Ouvrir, pointez sur
C:\Windows\System32\drivers\etc
, sélectionnez « Tous les fichiers » puis ouvrezhosts
(ethosts.ics
s’il existe). - Avant toute modification, créez une sauvegarde : Fichier > Enregistrer sous… >
hosts.bak
.
Que faut‑il supprimer ou commenter ? Recherchez des lignes contenant mshome.net
, localhost
redéfini, ou des redirections peu claires vers 127.0.0.1
. Exemple de contenu problématique :
# Exemples courants à neutraliser (commenter ou supprimer)
127.0.0.1 WIN-12345.mshome.net
127.0.0.1 wsl.mshome.net
127.0.0.1 vmnet.mshome.net
# ⚠ Évitez de dupliquer ou modifier la ligne "127.0.0.1 localhost"
Bonnes pratiques.
- Ne supprimez pas la ligne canonique
127.0.0.1 localhost
ni::1 localhost
(IPv6). - Si
hosts.ics
n’existe pas, c’est normal sur de nombreuses machines : concentrez‑vous surhosts
. - Après modification, Enregistrer, puis fermez le Bloc‑notes.
Nettoyer les identifiants OAuth2 côté Windows
L’échec de redirection laisse parfois des jetons WAM (Web Account Manager)/OAuth2 incohérents qui empêchent toute reconnexion propre.
- Ouvrez le Panneau de configuration, puis Comptes d’utilisateurs > Gestionnaire d’identifiants.
- Allez dans Identifiants Windows.
- Localisez chaque entrée
MicrosoftOffice16_Data:OAUTH2
associée àtp_google_imap_Oauth2
(il y en a une par profil Gmail). - Cliquez sur Supprimer pour chacune.
Astuce : si vous avez plusieurs profils Outlook ou plusieurs boîtes Gmail, répétez l’opération pour chaque occurrence.
Révoquer puis ré‑accorder « Microsoft apps & services » côté Google
La révocation manuelle dans le compte Google purgera l’autorisation côté Google afin qu’Outlook redemande un nouveau consentement propre.
- Dans votre compte Google, onglet Sécurité, ouvrez la section Vos connexions à des applications tierces.
- Retirez l’application Microsoft apps & services (contrôle OAuth pour IMAP/SMTP).
- Relancez Outlook : la bannière « Sign in via browser » réapparaît.
- Suivez l’authentification dans le navigateur et cochez la case d’autorisation quand elle est proposée, puis validez.
Redémarrer le PC
Ce redémarrage force la prise en compte des modifications hosts
/hosts.ics
, vide les sockets en attente, et réinitialise les caches d’identifiants chargés en mémoire. Vous évitez ainsi de tester une configuration « à moitié » rafraîchie.
Vérifications après correction
- La bannière « Sign in via browser » disparaît après authentification.
- L’envoi/réception (IMAP/SMTP) fonctionne ; Ctrl + M (toutes versions) force une synchronisation.
- Dans Outlook classique, la fenêtre État de la connexion montre l’état Auth « Bearer » pour IMAP/SMTP.
- Aucun message d’erreur 8011, pas d’
ERR_CONNECTION_ABORTED
à l’étape de redirection.
Tableau de correspondance symptômes → actions
Symptôme | Lecture rapide | Action prioritaire |
---|---|---|
Bannière « Sign in via browser » qui réapparaît en boucle | Jetons OAuth2 incohérents | Étape 2 puis 3 (nettoyage identifiants + révocation Google) |
Navigateur affiche « localhost refused to connect » ou code 8011 | Redirection OAuth2 vers 127.0.0.1 bloquée | Étape 1 (fichiers hosts), puis redémarrage |
Test de compte OK mais mails bloqués | Connexion IMAP réelle non autorisée | Étape 2 & 3, puis relancer Outlook |
Nouvelle app Outlook s’ouvre dans Edge avec …/oobe | Moteur d’authentification identique | Appliquer les étapes 2 et 3, puis 1 au besoin |
Points d’attention et bonnes pratiques complémentaires
- Pas de fichier hosts.ics ? C’est normal sur de nombreuses machines. Travaillez uniquement sur
hosts
le cas échéant. - Extensions réseau : assurez‑vous qu’aucun proxy/VPN/bloqueur de pubs ne réécrit
hosts
ni n’impose des règles de loopback agressives dans le pare‑feu. - Nouvelle application Outlook : si Edge ouvre systématiquement une page
/oobe
, le traitement est identique. Les jetons et l’écoute locale sont gérés par les mêmes composants. - Sauvegarde : conservez
hosts.bak
pour revenir en arrière si besoin. - Comptes multiples : supprimez toutes les entrées
tp_google_imap_Oauth2
correspondantes, puis réauthentifiez compte par compte.
Pourquoi cette solution fonctionne
Le flux OAuth2 d’Outlook pour Gmail s’appuie sur une redirection locale : une fois que vous avez validé l’accès à « Microsoft apps & services » dans le navigateur, ce dernier renvoie un code vers un callback de type https://localhost:<port>/
. Outlook écoute brièvement ce port en local pour échanger ce code contre un jeton d’accès/actualisation.
Si la pile réseau locale est altérée (entrées hosts
injectées par WSL/Hyper‑V, ICS et consorts, règles de sécurité intrusives, interception par un proxy), la connexion vers 127.0.0.1
peut être abordée ou mal redirigée, d’où les messages « localhost refused » et code 8011. Retirer ces altérations restaure le parcours naturel : navigateur → 127.0.0.1:<port_éphémère>
→ Outlook.
Cas particuliers
- Parc d’entreprise : des GPO ou un EDR peuvent imposer des entrées
hosts
ou bloquer127.0.0.1
. Testez sur un réseau isolé sans proxy, vérifiez les règles du pare‑feu Windows et des suites de sécurité. - Poste avec Hyper‑V/WSL/VirtualBox : la suppression des lignes
*.mshome.net
suffit souvent. WSL ou ICS peut recréerhosts.ics
; revenez vérifier après un redémarrage ou neutralisez les services correspondants si nécessaire. - Utilisateur non‑administrateur : faites modifier
hosts
par un administrateur, ou exécutez le Bloc‑notes en élévation (UAC).
Plan B si le problème persiste
Si, après les quatre étapes, la situation est inchangée, procédez comme suit :
- Vider les cookies du navigateur utilisés pour l’authentification Google (uniquement les cookies Google si possible) puis réessayer.
- Désactiver temporairement les proxys : désactivez « Détecter automatiquement les paramètres », videz le proxy WinHTTP :
netsh winhttp reset proxy
- Réinitialiser la pile réseau (à n’utiliser qu’en dernier recours, car cela touche tous les adaptateurs) :
ipconfig /flushdns netsh winsock reset netsh int ip reset
- Vérifier le pare‑feu : autorisez explicitement Outlook, les composants Office et le trafic sortant vers
127.0.0.1
. - Désactiver provisoirement l’antivirus/EDR (si politique autorisée) pour tester si une interception TLS locale provoque l’abandon de la connexion.
FAQ
Pourquoi le test de compte réussit‑il mais pas l’envoi/réception ?
Le test de paramètres confirme la joignabilité des serveurs et la validité des ports/TLS. L’accès IMAP/SMTP réel, lui, dépend des jetons OAuth2. Si la redirection locale échoue, les jetons restent invalides : d’où la bannière « Sign in via browser » en boucle.
Dois‑je activer les « applications moins sécurisées » ou créer un mot de passe d’application ?
Non. Outlook 365 moderne utilise OAuth2. Il n’est pas nécessaire de modifier ports, TLS, ni d’employer des méthodes d’authentification obsolètes.
Le problème vient‑il de Google ou de Microsoft ?
Dans la plupart des cas, non. Le blocage se situe sur l’hôte Windows (redirection locale défaillante) et non sur les services distants. Le nettoyage local restaure le flux.
Puis‑je supprimer hosts.ics
définitivement ?
Vous pouvez le commenter ou le supprimer, mais certains services (ICS/WSL) peuvent le régénérer. Le point clé est d’éliminer les entrées qui perturbent 127.0.0.1
.
Que faire avec plusieurs comptes Gmail ?
Répétez la suppression des identifiants tp_google_imap_Oauth2
pour chaque compte, puis réauthentifiez‑les un par un.
Exemples de fichiers hosts avant/après
Avant (problématique)
# ...
127.0.0.1 localhost
::1 localhost
127.0.0.1 WIN-12345.mshome.net
127.0.0.1 wsl.mshome.net
127.0.0.1 vmnet.mshome.net
# ...
Après (corrigé)
# ...
127.0.0.1 localhost
::1 localhost
#127.0.0.1 WIN-12345.mshome.net
#wsl.mshome.net neutralisé
#127.0.0.1 wsl.mshome.net
#127.0.0.1 vmnet.mshome.net
# ...
Récapitulatif exécutable
- Éditer
hosts
/hosts.ics
en administrateur et commenter les lignes*.mshome.net
ou redirections 127.0.0.1 douteuses. - Supprimer dans le Gestionnaire d’identifiants chaque
MicrosoftOffice16_Data:OAUTH2
lié àtp_google_imap_Oauth2
. - Retirer « Microsoft apps & services » des accès de votre compte Google puis relancer l’authentification.
- Redémarrer le PC et tester l’envoi/réception.
Résultat
Une fois ces actions effectuées, les comptes Gmail se ré‑authentifient correctement et la synchronisation IMAP/SMTP repart immédiatement. Aucun changement de port, de chiffrement TLS ou de mot de passe n’est requis.
Annexe technique
Que fait Outlook en coulisses ? Il démarre un serveur HTTP local éphémère, écoute sur 127.0.0.1
un port aléatoire, et attend la redirection finale du navigateur. Le navigateur contacte alors https://localhost:<port>/
; si la résolution/route locale est interceptée ou si le pare‑feu rejette la session loopback, la connexion est « refusée » ou « abandonnée ».
Pourquoi mshome.net
? Des composants de virtualisation et de partage de connexion (Hyper‑V, WSL, ICS, VMware) inscrivent des alias/règles facilitant le fonctionnement de réseaux virtuels. Dans certaines combinaisons, ces alias interagissent mal avec l’écoute locale attendue par Outlook.
Et la nouvelle application Outlook ? Elle s’appuie sur le même moteur d’authentification que la version classique ; la correction reste donc identique (nettoyage des jetons, des entrées hosts
et ré‑autorisation Google).