Le nouveau Outlook pour Windows, inclus dans Windows 11, séduit par son interface unifiée ; mais dès que l’on tente de connecter une boîte Exchange locale ou hébergée hors Microsoft 365, le rêve se brise. Voici l’état réel du support en août 2025, les limites techniques, les stratégies de contournement et les meilleures pratiques pour préparer l’avenir.
Ajouter (ou non) un compte Exchange local/hosté dans le nouveau Outlook pour Windows
Vue d’ensemble de la question
- Le panneau « Ajouter un compte » n’affiche plus l’option Exchange/MAPI.
- La saisie manuelle de l’URL autodiscover se solde par le message :
« We couldn’t reach the email server ». - Les administrateurs se demandent s’il existe une méthode cachée, une clé registre ou une mise à jour à appliquer.
Réponse & solutions
Point clé | État actuel (août 2025) | Conséquence / action recommandée |
---|---|---|
Prise en charge native d’Exchange on‑prem | Pas encore disponible. Microsoft ne propose que : • Exchange Online (Microsoft 365) • Outlook.com/Hotmail • Comptes IMAP/POP tiers | Impossible de bénéficier de la couche MAPI (courrier, calendrier, contacts, tâches) d’Exchange local. |
Connexion IMAP sur un serveur Exchange | Possible, mais « partially available » : uniquement IMAP (mail) sans calendrier ni contacts. | À réserver au dépannage ; les fonctionnalités collaboratives d’Exchange sont perdues. |
Feuille de route Microsoft | Le support Exchange on‑prem est indiqué comme « Under investigation / Upcoming ». Aucune date ferme. | Surveillez les mises à jour du tableau des fonctionnalités et les notes de version ; aucune action immédiate n’est possible. |
Produits toujours compatibles | • Outlook « classique » (Microsoft 365 ou Office 2021) • Windows Mail (jusqu’à son retrait le 31 décembre 2024) • Clients tiers : eM Client, Thunderbird + EWS, etc. | Conservez ou déployez la version classique d’Outlook, ou migrez vers un client tiers jusqu’à l’arrivée du support natif. |
Accès Web | OWA (Outlook Web App) reste 100 % fonctionnel pour Exchange on‑prem. | Pratique pour un accès rapide. Pas de mode hors‑ligne complet ; dépend d’une connexion permanente. |
Scénarios de contournement détaillés
- Rester sur Outlook « classique »
- Les licences Microsoft 365/Office 2021 incluent toujours le client Win32.
- Désactivez le commutateur « Try the new Outlook » via stratégie de groupe :
HKCU\Software\Policies\Microsoft\Office\16.0\Outlook\Options\General
DWORD HideNewOutlookToggle = 1 - Planifiez une vérification régulière de la roadmap ; conservez la version classique au moins jusqu’en 2029 (fin de support Office 2021 LTSC).
- Activer IMAP sur Exchange
- Dans EAC/ECP, activez IMAP pour la base : Servers › Databases › Properties › Client Access.
- Côté pare‑feu, ouvrez le port 993 avec TLS 1.2 + ciphers modernes.
- Configurez le compte dans le nouveau Outlook comme un compte IMAP standard.
- N’oubliez pas SMTP AUTH pour l’envoi (
Set-TransportConfig -AuthMechanism "Login"
). - Informez les utilisateurs qu’ils perdront : rappels, catégories, délégations, Free/Busy et archivage en ligne.
- Utiliser un client tiers compatible EWS/MAPI
- eM Client 9+ : EWS natif, gestion de dossiers publics, carnets d’adresses globaux.
- Thunderbird 128 « Nebula » avec l’extension Owl ou ExQuilla.
- Mailbird (canal bêta) prend en charge EWS, mais pas encore la délégation avancée.
- Validez la conformité (journaux, archivage) avant un déploiement à grande échelle.
- Passer en hybride ou migrer vers Exchange Online
- La coexistence hybride procure :
— Autodiscover commun
— Renvoi transparent des boîtes aux lettres
— Synchronisation d’identité (AAD Connect) - Le nouveau Outlook se connecte immédiatement aux boîtes migrées.
- Profitez des licences Exchange Online Plan 1 incluses dans Microsoft 365 Business Standard.
- Budgetez :
• Bande passante (50–150 Ko/s/boîte)
• Nettoyage de PST et archives personnelles
• Plates‑formes tierces (Quest, BitTitan) pour scénarios cutover complexes.
- La coexistence hybride procure :
Pourquoi ce retrait ?
Le nouveau Outlook repose sur la même couche web que Outlook on the Web ; son moteur est basé sur Edge WebView2 et communique via REST/Graph. La pile MAPI/EWS hors ligne doit être ré‑architecturée pour fonctionner dans ce modèle PWA + cache. Microsoft unifie ainsi les expériences Windows, macOS, iOS, Android et web, mais le chantier hors‑ligne Exchange on‑prem reste en cours.
Fin de Windows Mail/Calendar : impact
Depuis le 31 décembre 2024, Windows Mail et Calendar sont retirés du Microsoft Store ; la prochaine mise à jour cumulative de Windows 11 désinstalle même les exécutables. Les utilisateurs sont automatiquement redirigés vers Outlook (new). Pour les organisations restées sur Exchange 2016/2019, la bascule est donc brutale : sans Outlook classique, plus aucune solution native n’existe.
Checklist de survie pour les administrateurs
- Identifier les utilisateurs toujours sur Exchange on‑prem.
- Auditer les dépendances : archives légales, eDiscovery, boîte partagée, délégations.
- Sécuriser IMAP :
— Certificats publics SHA‑256
— TLS1.2‑only (« SystemDefaultTlsVersions »)
— Désactiver l’authentification de base si OAuth/Negotiate est disponible. - Évaluer un client EWS tiers ; tester la montée en charge (1 000+ boîtes).
- Planifier une migration vers Exchange Online ou une mise à jour vers l’éventuel Service Pack apportant MAPIv3 offline au nouveau Outlook.
FAQ rapide (août 2025)
Peut‑on installer simultanément Outlook classique et le nouveau Outlook ?
Oui. Les deux applications cohabitent ; chacune a son icône. On peut même définir différentes associations de protocoles (mailto:).
Les boîtes partagées Exchange on‑prem fonctionnent‑elles en IMAP ?
Non. L’IMAP d’Exchange ne sait pas exposer une Shared Mailbox avec droits Send As ou Send On Behalf.
Existe‑t‑il une clé reg ou une option PowerShell pour forcer l’ajout MAPI ?
Aucune connue à ce jour. Le backend REST du nouveau Outlook refuse l’autodiscover non‑Microsoft 365.
Qu’en est‑il d’Exchange Server 2025 ?
Les Technical Preview évoquent un connecteur Graph local, mais Microsoft n’a pas confirmé que le nouveau Outlook le reconnaîtra sans passer par Exchange Online.
Bonnes pratiques de sécurité lors de l’activation d’IMAP
L’activation d’IMAP sur Exchange expose un vecteur d’attaque classique (credential stuffing sur 993). Avant d’ouvrir le port :
- Forcer le MFA ou au minimum la longueur des mots de passe.
- Déployer Exchange Server Emergency Mitigation pour bloquer les chaînes d’exploitation connues.
- Monitorer les logs :
Get-EventLog -LogName "MSExchange Management" –After "2025-08-01"
- Limiter les adresses IP via un Access Control List sur le pare‑feu périmétrique.
- Mise à jour cumulative (CU15 pour Exchange 2019) obligatoire ; inclut les patchs TLSX.509 post‑RU5.
Roadmap officielle – comment rester informé
- Page « Feature comparison between new Outlook and classic Outlook » sur Microsoft Support : mise à jour environ tous les 45 jours.
- Blog Microsoft 365 Message Center : rechercher les ID MC698744 et MC705112 (exemples de billets Exchange on‑prem).
- Compte @Outlook sur X (Twitter) : annonces pré‑release.
- Forum Tech Community « Outlook IT Pro Discussions » : retours pré‑version et Workarounds communautaires.
Exemple de script : exporter la liste des utilisateurs encore sur Outlook classique
Utilisez la cmdlet Get-WmiObject
pour scanner les machines AD :
# Requires RSAT + WinRM
$computers = Get-ADComputer -Filter * -SearchBase "OU=Workstations,DC=contoso,DC=com"
foreach ($pc in $computers) {
$apps = Get-WmiObject -Class Win32_Product -ComputerName $pc.Name |
Where-Object { $_.Name -match "Microsoft Office" -and $_.Name -match "Outlook" }
if ($apps) {
Write-Output "$($pc.Name);$($apps.Name);$($apps.Version)"
}
}
Conclusion
En 2025, le nouveau Outlook est clairement tourné vers le cloud Microsoft 365. Tant que la prise en charge native d’Exchange on‑premises n’arrive pas, trois axes s’offrent aux organisations :
- Maintenir Outlook classique le temps nécessaire.
- Accepter une solution dégradée (IMAP) ou tierce (EWS/MAPI) pour les postes prioritaires.
- Accélérer la transition hybride ou la migration complète vers Exchange Online.
Choisissez la voie la moins risquée pour vos données, communiquez tôt avec les utilisateurs et surveillez activement la roadmap Microsoft ; elle changera sans doute plus vite que votre gouvernance de messagerie.