Excel 3 Go : CPU ou GPU ? Le guide d’achat et d’optimisation pour accélérer Solver et le recalcul

Fichier Excel d’environ 3 Go, des milliers de formules et des appels à Solver : voici comment choisir (et configurer) un PC qui calcule en minutes au lieu d’heures, sans gaspiller un budget GPU inutile.

Sommaire

Excel très lourd (≈3 Go) : faut‑il privilégier le CPU ou le GPU ?

Vue d’ensemble de la question

Votre classeur (~3 Go) combine des feuilles volumineuses, des chaînes de dépendances longues, des fonctions volatiles, des tableaux croisés, et des optimisations via Solver. La machine actuelle sature : recalculs interminables, blocages, ventilation bruyante, swap disque. Vous hésitez entre investir dans un processeur de bureau haut de gamme (type « i9/Ryzen 9 »), une plateforme serveur (Xeon) ou une carte graphique puissante. Que faut‑il prioriser ?

Réponse & solutions

1) Priorité au CPU, pas au GPU.

  • Excel est massivement CPU‑dépendant pour l’évaluation des cellules, le moteur de calcul, Power Pivot (modèle tabulaire) et la plupart des opérations Power Query. Le GPU est utilisé pour l’affichage (rendu graphique) et n’accélère pas les formules ni Solver en standard.
  • Des gains GPU n’apparaissent que via des add‑ins spécialisés hors Excel « vanille » ou pour des tâches non‑Excel (ML, rendu, IA). Pour Excel, mettez l’argent sur le processeur.

2) Ce qui compte le plus côté CPU pour Excel.

  • Fréquence et performances par cœur > nombre extrême de cœurs. Excel parallélise une partie du recalcul, mais beaucoup de chaînes restent sérielles. Un turbo haut et un grand cache L2/L3 apportent souvent plus que 32/64 cœurs lents.
  • Grand cache (L2/L3) utile pour les modèles sensibles à la latence mémoire et aux accès irréguliers (recherches, agrégations, calculs itératifs).
  • Cibles typiques : CPU desktop à hautes fréquences (Core i9, Ryzen 9). Les versions à cache augmenté peuvent aider selon vos feuilles (ex. gammes « X3D » côté AMD).
  • À éviter pour Excel : CPU serveurs très nombreux en cœurs (ex. Xeon 64 cœurs) si l’objectif principal est Excel : fréquences soutenues moindres, coût élevé, bénéfice limité en calcul majoritairement sériel.

3) Mémoire (RAM) : capacité et fréquence.

  • Pour un classeur ~3 Go (avec calculs intermédiaires, Data Model, historiques), 64–128 Go de RAM est le point de confort. 32 Go est un minimum tolérable, mais la marge évite le swap.
  • RAM rapide (fréquence/latence) et double canal correctement peuplé : impact tangible sur la réactivité quand le moteur de calcul « pioche » hors cache.

4) Points soulevés sur des modèles précis.

  • Intel 13e/14e gén. : des retours d’instabilité ont été évoqués sur certaines combinaisons cartes mères/BIOS/microcode. Recommandation : vérifier l’état des correctifs et des versions BIOS stables au moment de l’achat.
  • Xeon 6710E (serveur, 64 cœurs/96 Mo L3) : rapport performance Excel/coût généralement défavorable vs un CPU desktop très rapide.
  • Alternative : CPU desktop hautes fréquences (familles Ryzen 9 – y compris 9950X s’il est dans votre fenêtre d’achat – ou Core i9) avec bon refroidissement : meilleur rendement sous Excel.

Résumé court : pour Excel lourd, un CPU desktop très rapide avec 64–128 Go de RAM et un SSD NVMe donne plus de résultats qu’un GPU cher ou qu’une plateforme serveur surdimensionnée.


Recommandations d’achat synthétiques

Priorités matérielles

  • CPU : hautes fréquences, 12–16+ cœurs rapides, gros cache. Exemple de familles : Core i9 « K/KS » récents, Ryzen 9 (dont variantes à cache 3D selon vos charges). Évitez les puces serveurs très « many‑core » pour un usage Excel dominant.
  • RAM : 64–128 Go (DDR récente), profils XMP/EXPO activés, 2 ou 4 barrettes pour saturer les canaux.
  • Stockage : SSD NVMe (PCIe 4/5) 1–2 To minimum, bonne endurance (TBW), laisser 20–30 % d’espace libre pour l’over‑provisioning.
  • Refroidissement : ventirad haut de gamme ou AIO 280/360 mm pour maintenir le turbo en charge longue; boîtier bien ventilé.
  • GPU : milieu de gamme suffit (multimoniteurs inclus). N’investissez haut de gamme que pour IA/rendu/jeux en dehors d’Excel.
  • Alimentation : 80 Plus Gold/Platinum, marge de 25–35 % au‑dessus du TDP cumulé.

Impact des composants sur Excel

ComposantImpact sur recalculPourquoiConseil
CPU (perfs/ cœur)Très élevéChaînes sérielles, dépendances, SolverFréquences turbo, grand cache
Nombre total de cœursMoyenParallélisme partiel du moteur12–16+ rapides > 32 lents
RAM (capacité)ÉlevéÉvite swap, charges Power Query/Pivot64–128 Go
RAM (fréquence/latence)MoyenAccès hors cache fréquentsDDR rapide + double canal
SSD NVMeMoyen (I/O)Ouverture/sauvegarde, fichier d’échangePCIe 4/5, 1–2 To
GPUFaibleAffichage, pas de calcul ExcelMilieu de gamme

Configurations type (exemples indicatifs)

ProfilCPURAMStockageGPUCommentaires
Point d’équilibreCore i9 récent K / Ryzen 964 GoNVMe 2 ToMilieu de gammeTrès bon pour fichiers 2–4 Go
Haut de gamme ExcelCore i9 très haut turbo / Ryzen 9 cache augmenté128 GoNVMe 2–4 ToMilieu de gammePriorité refroidissement/VRM
Serveur (à éviter pour Excel seul)Xeon 64 cœurs128–256 Go ECCNVMe prosBasiqueIntérêt si autres workloads massivement parallèles

Optimisations logicielles utiles (complément)

Excel & Windows

  • Excel 64 bits, à jour. Les gros classeurs dépassent aisément 2–4 Go de mémoire en cours de calcul.
  • Calcul multithread activé : Fichier > Options > Formules > Nombre de processeurs. Laissez « Tous les processeurs » sauf cas diagnostiqué.
  • Calcul manuel (F9/Shift+F9) pendant les modifications lourdes. Option « Automatique sauf tables de données » souvent gagnante.
  • Plan d’énergie : « Performances élevées » (ou « Ultimate Performance » si disponible) pour éviter la baisse agressive de fréquences.
  • Profil RAM XMP/EXPO activé dans l’UEFI, puis test de stabilité (memtest) pour éviter les recalculs incohérents.
  • Antivirus : exclure les dossiers temporaires d’Office et votre répertoire de travail lourd pour limiter les scans pendant les recalculs.

Modélisation

  • Réduire les fonctions volatiles (OFFSET, INDIRECT, RAND, NOW, TODAY) et limiter leur portée.
  • Éviter les plages « colonnes entières » dans SUMIFS/XLOOKUP : définissez des plages bornées.
  • Remplacer SUMPRODUCT lourds par SUMIFS, XLOOKUP ou des colonnes d’aide.
  • Factoriser avec LET/LAMBDA pour réutiliser des sous‑expressions et réduire les recalculs.
  • Convertir les grands jeux en Tableaux et utiliser Power Query pour ETL, Power Pivot (modèle tabulaire) pour les agrégations.
  • Scinder le classeur : données brutes vs modèles/rapports. Charger les données dans le modèle plutôt que les dupliquer en feuilles.
  • Préférer formats colonnes (long format) pour des agrégations rapides plutôt que de vastes matrices croisées en feuilles.

Solver

  • Essayer plusieurs moteurs (GRG non linéaire, Simplex linéaire, Évolutionnaire) et ajuster les bornes : réduire l’espace de recherche accélère fortement.
  • Initialiser intelligemment (valeurs de départ pertinentes) pour réduire les itérations.
  • Segmenter un gros problème en sous‑problèmes (hiérarchisation, boucles) quand c’est possible.
  • Évaluer les moteurs tiers spécialisés si vous faites de l’optimisation lourde et répétitive (meilleure parallélisation potentielle).

Quand dépasser Excel

  • Pour des traitements de données/ML massifs, déléguer à Python/R (pandas, scikit‑learn, etc.). Dans ces cas, un GPU peut devenir pertinent côté bibliothèques.
  • Isoler SQL (entreposage/ETL) pour réduire le volume en entrée d’Excel.

Procédure simple pour valider vos choix (méthode en 15 min)

  1. Mesurer : ouvrez le classeur, passez en Calcul manuel, Ctrl+Alt+F9 pour recalcul complet, chronométrez jusqu’à stabilisation.
  2. Diagnostiquer : surveillez l’utilisation CPU/RAM/disque (Gestionnaire des tâches). Si CPU à 100 % sur 1–4 cœurs, vous êtes CPU‑bound (perfs/cœur). Si la RAM se remplit et le disque gronde, vous êtes RAM/IO‑bound.
  3. Optimiser côté Excel (volatilité, plages, Power Query/Pivot) puis remesurez.
  4. Dimensionner le PC en fonction du goulot mesuré (CPU vs RAM vs I/O).

Cas pratiques rapides

Cas A : modèle financier à chaînes sérielles

Grandes feuilles avec dépendances temporelles, peu de parallélisme. Gain maximal en passant d’un CPU 8 cœurs 3,8 GHz à un 16 cœurs turbo >5 GHz avec gros cache : accélération typique x1,5–x2. RAM : 64 Go suffisent. GPU : inchangé.

Cas B : ETL lourd + modèle tabulaire

Power Query ingère plusieurs CSV/Parquet, Power Pivot agrège. RAM 128 Go + NVMe très rapide réduisent l’IO et la pression mémoire. Les cœurs supplémentaires aident au rafraîchissement PQ, mais la fréquence reste critique pour le DAX complexe.

Cas C : optimisation Solver récurrente

De multiples résolutions avec contraintes serrées. Outre la fréquence CPU, la formulation (linéarisation, bornes) change tout. Un i9/Ryzen 9 moderne refroidi agressivement fait souvent mieux qu’un Xeon many‑core plus cher.


Arbre de décision express

  • Votre recalc stagne sur 1–4 cœurs ? → CPU à fréquence/IPC élevées avec gros cache.
  • Votre RAM dépasse 32 Go et Windows swappe ? → passez à 64–128 Go.
  • Ouvertures/sauvegardes lentes ? → SSD NVMe PCIe 4/5, espace libre >20 %.
  • Besoin de GPU ? → seulement si vous faites aussi IA/rendu/jeux. Sinon, restez milieu de gamme.
  • Hésitation serveur (Xeon) vs desktop ? → desktop rapide si votre charge principale est Excel.

Checklist d’achat & de mise en route

  • Carte mère avec VRM solide, BIOS/UEFI à jour.
  • Activer XMP/EXPO, vérifier la stabilité mémoire.
  • Configurer un plan d’alimentation hautes performances.
  • Laisser un pagefile (fichier d’échange) géré par Windows, sur le NVMe.
  • Créer un profil Excel « lourd » (manuel, multithread activé).
  • Sauvegardes régulières / versionning (Copies de sauvegarde, Historique OneDrive/SharePoint si utilisé).

Erreurs fréquentes (et correctifs)

  • Investir dans un GPU haut de gamme « pour accélérer Excel » → Corriger : privilégiez le CPU, la RAM et le NVMe.
  • Choisir un CPU serveur 64 cœurs pour Excel → Corriger : préférer un CPU desktop très rapide.
  • Rester en 32 bitsCorriger : passer en Excel 64 bits.
  • Plages « colonnes entières » dans les formules → Corriger : bornes explicites.
  • Fonctions volatiles omniprésentesCorriger : réduire et encapsuler.
  • RAM 16–32 Go avec fichier 3 Go → Corriger : passer à 64–128 Go.
  • Refroidissement sous‑dimensionnéCorriger : AIO/ventirad premium pour tenir le turbo.

FAQ ciblée

Un GPU RTX très haut de gamme accélère‑t‑il Solver ?
Non, pas en standard. Sans add‑in spécifique, Solver et les formules s’exécutent sur CPU.

Un Ryzen 9 « X3D » (cache 3D) est‑il toujours meilleur ?
Souvent utile quand la charge est limitée par la latence mémoire. Selon la nature exacte de vos feuilles (recherches, jointures, modèles tabulaires), le cache supplémentaire peut aider. Mesurez sur votre modèle.

Faut‑il 256 Go de RAM ?
Utile si votre modèle/tabulaire/ETL dépasse réellement ~100 Go en charge. Pour ~3 Go de classeur, 64–128 Go est le bon point.

Les E‑cores nuisent‑ils à Excel ?
Pas forcément. L’ordonnanceur de Windows 11 sait les gérer. L’essentiel est d’avoir des P‑cores rapides, un plan d’énergie performant et un bon refroidissement.

Et Intel 13e/14e gén. évoquées comme « instables » ?
Vérifiez les microcodes/BIOS stables de votre carte mère et respectez les limites de puissance/thermiques du constructeur.


Tableau des réglages Excel à forte valeur

RéglageCheminEffet attendu
Passer en Calcul manuelFichier > Options > FormulesÉvite les recalculs à chaque frappe
Automatique sauf tables de donnéesFichier > Options > FormulesAccélère si vous avez des tables de données volumineuses
Activer tous les processeursFichier > Options > FormulesExploit maximal du parallélisme disponible
Réduire la volatilitéModélisationMoins de recalculs inutiles
Power Query & Power PivotOnglets Données & Power PivotETL plus net, agrégations rapides en colonne

Bonnes pratiques de stockage & OS

  • NVMe rapide : privilégier les modèles à contrôleur éprouvé et cache DRAM.
  • Espace libre : maintenir 20–30 % libres pour éviter la perte de perfs en écriture.
  • Clusters volumineux (fichiers très gros) : compressez/archivez les historiques non utilisés.
  • Fichier d’échange : laissez Windows le gérer sur votre NVMe principal.

TL;DR exécutable

  • Choix matériel : CPU desktop hautes fréquences + 64–128 Go RAM + NVMe → bien plus d’impact qu’un GPU ou qu’un CPU serveur.
  • Côté Excel : 64 bits, multithread activé, calcul manuel pendant l’édition, modélisation « propre » (moins de volatilité, plages bornées, Power Query/Pivot).
  • Vigilance : vérifier l’état des correctifs pour les générations Intel pointées comme instables avant d’acheter.

Annexe : grille de dimensionnement pratique

Type de workload ExcelCPU recommandéRAMSSDNotes
Feuilles « formules denses »i9/Ryzen 9 à haut turbo64 GoNVMe 2 ToFréquence/IPC > nbre de cœurs extrême
Power Query + Power Pivoti9/Ryzen 9 (cache utile)128 GoNVMe 2–4 ToRAM & I/O dominants
Solver intensifi9/Ryzen 9 très bien refroidi64–128 GoNVMe rapideFormulation > matériel après un certain seuil

En un mot : si votre priorité est d’accélérer un classeur Excel de ~3 Go avec Solver, investissez d’abord dans un CPU desktop très rapide, une RAM généreuse et un SSD NVMe. Le GPU peut rester modeste, sauf besoins non‑Excel spécifiques.

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