Migration 1 To vers SharePoint Online (SPMT) : limites, quotas et guide pas à pas

Vous migrez 1 To depuis un partage Windows Server 2019 vers SharePoint Online ? Bonne nouvelle : la limite de 250 Go s’applique par fichier, pas au projet. Voici un guide opérationnel, de la préparation au contrôle qualité, pour une migration SPMT rapide, robuste et sans mauvaise surprise.

Sommaire

Migration d’un partage de fichiers de 1 To vers SharePoint Online

Vue d’ensemble de la question

Un administrateur souhaite déplacer un partage de fichiers (Windows Server 2019) de 1 To vers SharePoint Online avec le SharePoint Migration Tool (SPMT). La documentation évoque une limite de 250 Go, ce qui alimente l’inquiétude d’un dépassement de quota. En réalité, cette limite concerne chaque fichier individuel. SPMT peut transférer plusieurs téraoctets, tant que chaque fichier ≤ 250 Go et que l’espace de stockage du tenant couvre le volume à migrer.

Réponse & solution synthétique

ÉlémentDétail
Limite de taille250 Go par fichier, pas par lot ni par projet. Un projet de 1 To est pleinement supporté si aucun fichier ne dépasse 250 Go.
Capacité du tenantSharePoint Online : 1 To de base + 10 Go par utilisateur. Du stockage additionnel peut être acheté. Assurez-vous que le quota couvre (au moins) 1 To.
Performance & bonnes pratiquesSegmenter en tasks logiques (dossiers/services). Laisser SPMT créer des packages de ~100–250 Mo pour un débit et une résilience optimaux.
Espace disque localLa machine qui exécute SPMT doit disposer d’au moins 150 Go libres dans son dossier de travail temporaire.
Étapes recommandées1) Pré‑scan SPMT : chemins > 400 caractères, noms interdits, etc.
2) Nettoyage des éléments bloquants.
3) Migration par lots avec reprise automatique.
4) Validation via rapports SPMT et corrections ciblées.
AlternativesLa Migration API (scripts/automatisation) respecte la même limite 250 Go/fichier et peut offrir davantage de parallélisme si nécessaire.

Comprendre les limites et quotas (sans confusion)

  • Limite 250 Go : par fichier. Vous pouvez donc migrer bien plus que 1 To si chaque fichier reste sous ce seuil.
  • Quota SharePoint Online : 1 To de base pour le tenant + 10 Go par licence utilisateur. Vérifiez le quota disponible du centre d’administration.
  • Chemins & noms :
    • Chemin complet ≤ ~400 caractères (URL incluse).
    • Noms interdits (exemples) : " * : < > ? / \ | # %, espaces/points en fin de nom, fichiers système réservés (CON, PRN, etc.).
    • Encodages hétérogènes et caractères exotiques peuvent nécessiter une normalisation.
  • Liste & bibliothèque : SharePoint gère des bibliothèques volumineuses, mais l’ergonomie des vues dépendra des index et métadonnées. Évitez des dossiers uniques contenant des centaines de milliers de fichiers sans structure.

Plan d’ensemble pour 1 To : phases, rôles et critères de sortie

PhaseObjectifLivrablesCritères de sortie
DécouverteInventorier volumes, propriétaires, contenus sensibles, fichiers > 250 Go.Rapport d’inventaire, carte des dépendances, matrice des risques.Pas de fichier > 250 Go non traité, propriétaires identifiés.
ConceptionDéfinir les sites cibles, bibliothèques, métadonnées, gouvernance.Plan d’IA (architecture de l’information), mapping permissions.Validation par les métiers et la sécurité.
Pré‑scan & remédiationCorriger chemins trop longs, noms interdits, nettoyer les doublons.Journal des corrections, règles de renommage.Taux d’erreurs prédit < 1 % dans SPMT.
Migration piloteTester la chaîne complète avec 5–10 % des données.Rapports SPMT, mesures de débit, plan d’amélioration.Débit stable, erreurs < seuil, validation métier.
GénéralisationExécuter par vagues (lots) avec reprise automatique.Plan d’ordonnancement, point de comm’ aux utilisateurs.Tous les lots verts, contenu validé par échantillonnage.
StabilisationExécuter les incrémentales, verrouiller l’ancien partage.Procédure de bascule (cut‑over), documentation d’exploitation.Accès opérationnels sur SPO, sauvegarde/archivage final.

Préparation technique : inventaire & hygiène du contenu

Avant toute migration, assurez une hygiène de contenu : supprimez le “bruit” (fichiers temporaires, duplicatas, archives obsolètes), assainissez les noms et raccourcissez les arborescences excessives. Deux scripts utiles :

# 1) Repérer tout fichier &gt; 250 Go (rare, mais bloquant)
Get-ChildItem -Path \\serveur\partage -Recurse -File |
  Where-Object { $_.Length -gt 250GB } |
  Select-Object FullName, Length

# 2) Repérer les chemins trop longs (&gt; 350 caractères côté source
#    pour rester sous ~400 après URL encodée et préfixes SharePoint)
Get-ChildItem -Path \\serveur\partage -Recurse -Force |
  ForEach-Object {
    $p = $_.FullName
    [PSCustomObject]@{
      Path = $p
      Length = $p.Length
    }
  } | Where-Object { $_.Length -gt 350 } |
  Sort-Object Length -Descending

Conseils pratiques :

  • Figez les répertoires sources pendant la fenêtre de cut‑over (ou communiquez une période de gel).
  • Activez l’option SPMT de pré‑scan pour visualiser, par lot, les points de friction (chemins, noms, fichiers verrouillés).
  • Préparez une liste de correspondance des propriétaires de dossiers → responsables de bibliothèques, pour orienter l’architecture SharePoint et les autorisations.

Architecture cible : sites, bibliothèques, métadonnées

La tentation est de “rejouer” à l’identique la hiérarchie de dossiers. Profitez de la migration pour améliorer :

  • Sites par équipe/service : un site d’équipe connecté à Microsoft 365 par service (ex. Finance, RH, IT). Dans chaque site, créer des bibliothèques par processus (ex. Comptabilité, Contrôle de gestion, Fiscalité).
  • Métadonnées : au‑delà des dossiers, des colonnes (Type de document, Année, Projet) + vues & filtres. Cela facilite la recherche et les autorisations fines.
  • Gouvernance : versionning activé par défaut (ajustez la limite), politiques de rétention, prévention des pertes de données si nécessaire.

Configuration SPMT (GUI) pas à pas

  1. Installer la dernière version de SPMT sur une machine dédiée (Windows 10/11 ou Server), reliée au partage source via un compte avec droits de lecture (et idéalement lecture/lecture des ACL pour la reprise des permissions).
  2. Connexion au tenant : compte admin SharePoint ou administrateur de site cible.
  3. Source : sélectionner File Share et pointer vers \\serveur\partage (ou des sous‑dossiers spécifiques pour constituer vos lots).
  4. Cible : URL du site SharePoint, choisir la bibliothèque (ex. Documents) et le dossier cible. Créez au besoin des bibliothèques dédiées (RH, Finance, Projets).
  5. Options :
    • Scan Only (pré‑scan), puis Scan & Migrate une fois propre.
    • Reprise incrémentale activée (re‑run sans doublons).
    • Préserver les horodatages (Created/Modified) si souhaité.
    • Migrer les permissions NTFS si vos identités on‑prem sont synchronisées vers Azure AD : SPMT tente d’associer les ACL à des utilisateurs/groupes valides dans le cloud.
    • Dossier de travail : orientez‑le vers un volume avec ≥ 150 Go libres.
  6. Exécuter par lots : 3–6 lots équilibrés (par service ou périmètre fonctionnel) pour absorber le téraoctet sans saturer réseau ni gouvernance.

Automatisation légère (mode scripts SPMT)

SPMT prend en charge les migrations par manifestes CSV/JSON. Vous pouvez déclarer une liste de paires Source → Cible (chemin UNC → site/bibliothèque/dossier) et exécuter les lots en série ou en parallèle maîtrisé. Idéal pour rejouer des incrémentales planifiées et capitaliser les mêmes paramètres (reprise, renommage, journalisation).

Performance : ce qui fait (vraiment) la différence

  • Packaging : SPMT segmente en packages d’environ 100–250 Mo. Ce compromis réduit l’impact des erreurs réseau (retransmission granulaire) et améliore la parallélisation.
  • Concurrence : lancez plusieurs tasks en parallèle mais évitez d’inonder le tenant (throttling). En pratique, 2–4 tâches concurrentes par machine bien dimensionnée donnent souvent de bons résultats.
  • Machine SPMT : SSD NVMe, 16–32 Go de RAM, CPU 4–8 vCores, antivirus excluant le dossier de travail SPMT pendant la migration.
  • Réseau : latence vers Microsoft 365, stabilité et upload réel priment sur le “théorique ISP”. Si possible, placez la machine SPMT proche du stockage source (LAN 1 GbE+) et libérez la fenêtre de bande passante WAN.
  • Throttling : ponctuel et dynamique côté cloud. D’où l’intérêt de plusieurs petits lots et de relances incrémentales.

Estimer la durée : une base de calcul réaliste

Conversion pratique : Débit (Go/heure) ≈ Mb/s × 0,439. Temps ≈ Volume (Go) / Débit (Go/h).

Débit (mesuré)Débit en Go/h (approx.)Durée pour 1 To (théorique)
50 Mb/s~22 Go/h~46,6 h
100 Mb/s~44 Go/h~23,3 h
200 Mb/s~88 Go/h~11,7 h
500 Mb/s~220 Go/h~4,7 h
1 Gb/s~439 Go/h~2,3 h

Ajoutez 30–60 % pour l’overhead (scan, packaging, throttling, incrémentales). Une migration de 1 To peut donc se jouer sur une à deux journées selon l’environnement.

Composer des lots efficaces (exemple concret)

LotSourceTaille estiméeSite/bibliothèque cibleFenêtreRemarques
Lot A (Pilote)\\srv\partage\RH120 Gosite‑rh / Documentsnuit J0Métadonnées sensibles, valider les ACL transférées.
Lot B\\srv\partage\Finance260 Gosite‑finance / Documentsweek‑end J1Indexer “Exercice”, “Type doc”.
Lot C\\srv\partage\Projets410 Gosite‑projets / Documentsnuit J2Forte volumétrie de petits fichiers.
Lot D\\srv\partage\IT210 Gosite‑it / Documentsnuit J3Exclure ISO obsolètes.

Gestion des permissions

  • Mapping identités : si vos comptes on‑prem sont synchronisés (Azure AD Connect), SPMT peut tenter de traduire les ACL NTFS vers des utilisateurs/groupes cloud. Vérifiez la correspondance UPN/e‑mail.
  • Groupes SharePoint : privilégiez des groupes par rôle (Lecture, Contributeurs, Propriétaires) plutôt que des autorisations directes sur des milliers d’éléments.
  • Exceptions : les héritages brisés au fin fond des dossiers nuisent aux performances. Profitez de la migration pour simplifier et repositionner les permissions au niveau bibliothèque/dossier racine.

Contrôle qualité & validation

  • Rapports SPMT : conservez les CSV/JSON de scan et de migration (succès/erreurs, compte d’éléments, octets transférés). Comparez volumes source ↔ cible.
  • Échantillonnage : vérifiez un panel représentatif (par lot) incluant noms longs, caractères spéciaux, fichiers versionnés.
  • Re‑run incrémental : après le cut‑over, relancez pour capturer les deltas produits pendant la fenêtre de gel.
  • Communication : annoncez l’URL du site, les nouvelles pratiques (recherche, métadonnées), et mettez à disposition un guide “où est passé mon dossier ?”

Gestion des cas particuliers

ProblèmeSymptômeSolution
Fichiers > 250 GoRefusés en scan/migrationSegmenter (si possible), archiver ailleurs, ou exclure.
Chemins > 400Erreurs de nom/cheminAplatir l’arborescence, renommer dossiers, utiliser métadonnées.
Noms interditsCaractères spéciaux, espaces/points finauxRenommer en amont ou activer la substitution automatique.
Fichiers verrouillésÉchec pendant l’uploadCommuniquer un gel, fermer sessions, re‑run incrémental.
ThrottlingDébit en dents de sciePlusieurs petits lots, relances, fenêtres creuses (soirées/week‑ends).

Checklist opératoire (à cocher avant “Go”)

  • Quota SharePoint Online suffisant (≥ 1 To + marge).
  • Machine SPMT avec SSD, 16 Go+ RAM, et ≥ 150 Go libres sur le dossier de travail.
  • Pré‑scan sans blocants (chemins, noms, fichiers > 250 Go).
  • Architecture cible validée (sites, bibliothèques, métadonnées, permissions).
  • Plan de communication (gel, bascule, accès post‑migration).
  • Lots construits et test pilote réussi (rapports SPMT conservés).

FAQ express

1. Peut‑on migrer 1 To avec SPMT malgré la limite 250 Go ?
Oui. La limite 250 Go s’applique par fichier. Tant que chaque fichier ≤ 250 Go et que le tenant a assez d’espace, la migration de 1 To est supportée.

2. Faut‑il tout migrer d’un coup ?
Non. Migrez par lots logiques (service/processus). C’est plus rapide à dépanner, plus lisible pour les métiers et plus sûr face au throttling.

3. Peut‑on reprendre les permissions NTFS ?
Oui, si les identités on‑prem sont valides et synchronisées dans le cloud. Sinon, recomposez les autorisations via des groupes SharePoint.

4. Que deviennent les dates de création/modification ?
SPMT peut préserver les horodatages (option à activer).

5. Et les versions de documents ?
La gestion de versions est active sur les bibliothèques SharePoint. Définissez une limite adaptée à votre gouvernance (et à votre stockage).

Conclusion

La clé d’une migration de 1 To vers SharePoint Online est de penser “par fichier” (≤ 250 Go), par lot (vagues maîtrisées), et par architecture (sites/bibliothèques/métadonnées). En laissant SPMT gérer le packaging (100–250 Mo), en garantissant au moins 150 Go d’espace local et en pilotant vos lots avec pré‑scan → migration → incrémentales → validation, vous obtenez une trajectoire fiable, reproductible et lisible pour les équipes métiers et IT.

Points clés à retenir

  • Oui, 1 To est migrable avec SPMT : la limite de 250 Go est par fichier, pas par volume total.
  • Assurez le quota SharePoint (1 To + 10 Go/utilisateur, extensible) avant le lancement.
  • Laissez SPMT empaqueter en 100–250 Mo pour de meilleures performances et une reprise robuste.
  • Pré‑scan, nettoyage, incrémentales, validation : le quatuor qui fait la différence.

Besoin d’un gabarit d’exécution ? Démarrez par un pilote <= 150 Go, mesurez le débit effectif, ajustez la concurrence, puis étendez aux lots restants. Conservez tous les rapports SPMT : ils deviennent votre preuve de complétude et votre base de traçabilité.

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