Vous avez acquis une licence Windows Server 2022 pour un client et souhaitez lui transférer la propriété en fin de projet ? Voici la méthode pas à pas, les règles Microsoft à respecter, les variantes par type de licence et des modèles prêts à l’emploi.
Comment transférer la propriété d’une licence Windows Server 2022 ?
Vue d’ensemble de la question
Scénario fréquent : un intégrateur achète une licence Windows Server 2022 pour les besoins d’un projet, l’installe, puis souhaite la céder au client final qui l’a payée, une fois la mise en production validée. La faisabilité et la procédure dépendent du type de licence (OEM, Retail/FPP, Volume, CSP) et des termes contractuels (EULA, Product Terms/PUR, OLS, MCA/MPSA, conditions CSP). L’objectif est double : sécuriser juridiquement la cession et assurer l’activation et la traçabilité côté client pour les audits.
Réponse & Solution
Étape | Action à mener | Détails pratiques |
---|---|---|
1. Identifier le type de licence | Repérez si la licence est OEM, Retail (FPP), Volume (Open, Select, MPSA, Enterprise) ou CSP. | • ⚠️ OEM : inaliénable, liée au matériel d’origine. • Retail : peut être réaffectée à un autre serveur, mais Microsoft exige souvent une validation écrite pour changer de propriétaire. • Volume : la réaffectation est prévue par contrat ; une cession à une entité externe nécessite le formulaire « License Transfer ». |
2. Vérifier les termes Microsoft | Consultez le contrat associé : EULA (Retail), PUR/OLS (Volume), ou conditions CSP. | Vous y trouverez les clauses « Reassignment » ou « Transfer of License ». |
3. Contacter Microsoft ou le revendeur agréé | • Pour Retail : support Microsoft (téléphone ou web). • Pour Volume : gestionnaire de compte/Licensing Solution Provider (LSP). • Pour CSP : partenaire CSP. | Demandez la confirmation écrite de transférabilité et obtenez le formulaire de transfert de licence. |
4. Préparer la preuve d’achat | Facture, bon de livraison, certificat d’authenticité (COA) ou contrat Volume. | Ces pièces seront jointes au formulaire. |
5. Remplir et signer le formulaire | Les deux parties (cédant et cessionnaire) fournissent : raisons du transfert, coordonnées, liste précise des licences et N° de clé/contrat. | En général, un scan PDF signé suffit. |
6. Soumettre le dossier | Envoyez‑le au support ou via le Volume Licensing Service Center (VLSC). | Délais habituels : 3 à 10 jours ouvrés. |
7. Réception de la confirmation | Microsoft attribue un nouveau contrat/ID de licence au client et notifie les deux parties par e‑mail. | Le client peut alors voir la licence dans son portail (VLSC, M365 Admin Center ou Azure Plan). |
8. Mettre à jour le serveur | Sur le serveur cible, entrez la clé via slmgr /ipk <clé> puis slmgr /ato . | Vérifiez aussi le transfert des CAL et RDS CAL associées. |
9. Archivage | Conservez tous les e‑mails, formulaires et preuves pendant la durée de vie du serveur. | Utile pour audits logiciels. |
Informations complémentaires utiles
- CAL et Software Assurance : si vous transférez une édition Datacenter ou Standard, pensez également à transférer les Client Access Licenses et, le cas échéant, la Software Assurance ; celles‑ci suivent les mêmes règles de cession que la licence serveur.
- Période de grâce : Microsoft tolère généralement une courte période où l’ancienne société reste administratrice, le temps de basculer les comptes VLSC/Azure, mais il est recommandé de finaliser la cession avant la mise en production par le client.
- Respect RGPD/ITAR : si le serveur contient des données sensibles, assurez‑vous que le transfert de l’environnement ne viole pas les exigences de localisation ou de contrôle d’exportation.
- Documentation technique : fournissez au client les ISO officielles, le contrat de licence et un guide d’activation hors‑ligne au cas où le serveur resterait isolé du réseau.
Comprendre la transférabilité par type de licence
Type | Transférable à une autre entité ? | Conditions clés | Documents à exiger |
---|---|---|---|
OEM | Non (liée à l’équipement) | Licence préinstallée par le fabricant, attachée au matériel d’origine. Toute cession indépendante du serveur n’est pas autorisée. | COA collé sur le châssis, facture du matériel, numéro de série. |
Retail / FPP | Oui (changement de propriétaire possible) | Réaffectation permise, en général soumise à une validation du support. Respect de la fréquence de réaffectation (règle des ~90 jours). | Facture, clé produit, preuve de désinstallation côté cédant si réaffectation. |
Volume (Open/Select/MPSA/EA) | Oui (processus formalisé) | Transfert à un tiers au moyen d’un License Transfer signé par les deux parties. Numéros de contrat/autorisation requis. | Formulaire de transfert, preuve d’achat, extract VLSC ou relevé de licences. |
CSP (Perpétuel ou Subscriptions) | Très limité | Les licences CSP sont rattachées au tenant du client ciblé lors de l’achat. La cession entre entités n’est généralement pas prévue : passer par le partenaire CSP pour réaligner l’attribution (annulation/réachat si nécessaire). | Facture CSP, identifiant du tenant, coordonnées du partenaire CSP. |
Bon réflexe : pour éviter un transfert ultérieur, achetez et enregistrez toujours les licences au nom et tenant du client final. Le transfert devient alors inutile.
Procédure détaillée par scénario
Cas Retail (FPP)
- Rassembler la preuve : facture nominative, clé produit, éventuel certificat d’authenticité (COA).
- Contacter le support Microsoft : solliciter par écrit la mise à jour du propriétaire enregistré de la clé.
- Déclarer la réaffectation : attester que la clé n’est plus utilisée par l’ancien propriétaire (désinstallation/désactivation).
- Remettre au client : la clé produit, l’e‑mail de confirmation et un court PV de transfert signé des deux parties.
Points d’attention : respectez la règle de réaffectation (en pratique, ne pas déplacer la licence plus d’une fois tous les 90 jours, sauf panne matérielle définitive). Documentez toute réinstallation.
Cas Volume (Open, Select, MPSA, Enterprise Agreement)
- Identifier le programme : Open/Select/VL, MPSA (Microsoft Products and Services Agreement) ou EA (Enterprise Agreement).
- Demander le « License Transfer » : via votre LSP/compte Microsoft. Le formulaire nomme le cédant, le cessionnaire, la raison et la liste précise des références (SKU, quantité, version/édition).
- Joindre les justificatifs : factures, relevé VLSC, capture d’écran de l’inventaire, éventuellement Enrollment ou License ID.
- Signature bilatérale : les deux parties signent (PDF scanné accepté). Indiquez un contact opérationnel et un contact juridique pour chaque entité.
- Soumission et suivi : envoi via VLSC/Business Center ou par le LSP. Délai indicatif : 3 à 10 jours ouvrés.
- Confirmation : réception de l’avis de transfert. Le client voit les licences dans son portail et obtient un nouvel ID si nécessaire.
Cas particuliers : si la licence inclut de la Software Assurance, vérifiez sa transférabilité et sa date d’expiration. Les droits associés (mise à niveau, cold backup, disaster recovery, step‑up, etc.) suivent généralement la licence sous réserve de mentions contractuelles.
Cas CSP (Cloud Solution Provider)
- Perpétuel CSP : la licence est facturée et rattachée au tenant du client. Si elle a été achetée par l’intégrateur sur son tenant, la cession à une entité distincte n’est en général pas prévue. Demander au partenaire CSP les options : annulation et rachat au nom du client, ou réalignement si le tenant du client était déjà ciblé.
- Abonnements/logiciels souscription : les changements d’affectation passent par le partenaire CSP (gestion du tenant, changement éventuel de partenaire d’administration). La notion de « transfert de propriété » contractuel diffère d’un transfert Volume classique.
Conseil : faites valider par écrit par le partenaire CSP la solution retenue (annulation, recrédit, ré‑émission), et archivez‑la avec la facture.
Activation et bascule technique côté serveur
Commande rapide avec SLMGR
REM Installer la clé fournie au client
slmgr /ipk <CLÉ-PRODUIT-WINDOWS-SERVER-2022>
REM Activer (Internet requis ou proxy d’activation)
slmgr /ato
REM Vérifier l’état et l’ID d’activation
slmgr /dlv
slmgr /dli
Activation en environnement isolé (hors‑ligne)
- Générer l’ID d’installation :
slui 4
ouslmgr /dti
. - Obtenir l’ID de confirmation : via l’assistant téléphonique ou le centre d’activation.
- Finaliser :
slmgr /atp <ID-CONFIRMATION>
puisslmgr /ato
.
Activation en Volume (KMS / ADBA / MAK)
Méthode | Usage | Étapes clés | Quand l’utiliser |
---|---|---|---|
MAK | Activation unique par machine (compteur d’activations). | Installer clé MAK → slmgr /ato . | Sites isolés, faible volumétrie de serveurs. |
KMS | Serveur d’activation interne (seuils requis). | Publier KMS, clé hôte, DNS SRV, clients en GVLK. | Parcs importants, rotation de VMs. |
ADBA | Activation basée sur Active Directory. | Publier l’objet d’activation dans AD, jonction domaine. | Environnements AD homogènes, simplicité d’exploitation. |
Si vous changez de méthode d’activation en parallèle du transfert (ex. MAK → KMS), planifiez une fenêtre de bascule et informez le client de l’impact éventuel sur les VM clonées et les instantanés.
Transférer aussi les CAL et RDS CAL
La conformité d’une ferme Windows Server ne s’arrête pas à la licence du système. CAL Utilisateur/Appareil (Windows Server CAL) et CAL RDS (Remote Desktop Services) doivent suivre le même propriétaire.
Windows Server CAL
- Référencer la quantité et le type (Utilisateur/Device), la version (2022/2019…), la présence éventuelle de SA, les preuves d’achat.
- Inclure dans le formulaire de transfert (Volume) ou la demande au support (Retail).
RDS CAL (Services Bureau à distance)
- Inventorier dans le Gestionnaire des licences des services Bureau à distance la quantité et l’ID d’autorisation.
- Transférer la propriété comme pour les CAL classiques (contrat/licence).
- Réémettre si nécessaire sur un autre serveur de licences : via l’assistant de réactivation/reconstruction ou le centre d’activation.
Astuce : consignez l’ID d’autorisation et l’ID du contrat RDS dans le dossier d’archivage du transfert.
Rappels de conformité à intégrer au contrat de cession
- Règle des 90 jours (réaffectation) : n’affectez pas la licence à un autre serveur plus d’une fois tous les ~90 jours, sauf panne définitive.
- Drois de downgrade : si utilisés, documentez la version réellement déployée (ex. 2022 → 2019), l’édition (Standard/Datacenter) et le support ISO remis.
- Licences par cœur : mentionnez le calcul (min. 16 cœurs/serveur, 8 cœurs/processeur), le nombre de packs 2 cœurs acquis, et l’éligibilité à la virtualisation (Datacenter : VMs illimitées, Standard : 2 VMs par pack 16 cœurs).
- Serveur de reprise (cold standby) : préciser si couvert par les droits (souvent via SA) et s’il est inclus dans le périmètre cédé.
Modèles prêts à l’emploi
Attestation de transfert (exemple)
Objet : Attestation de transfert de licence Windows Server 2022
Je soussigné(e) , représentant(e) légal(e) de ,
atteste transférer à la/les licence(s) suivante(s) :
* Produit : Windows Server 2022
* Type :
* Clé(s) / Référence(s) :
* Quantité : <…>
* CAL / RDS CAL associées :
* SA :
La cession prend effet à compter du JJ/MM/AAAA. confirme
avoir cessé tout usage des licences transférées.
Fait pour servir et valoir ce que de droit,
Signature
Checklist de remise au client
Élément | Fourni | Commentaire |
---|---|---|
Formulaire de transfert signé | [ ] Oui | PDF horodaté et archivé |
Preuves d’achat (factures, COA, extraits VLSC) | [ ] Oui | Inclure N° de contrat/licence |
Clé(s) produit et guide d’activation | [ ] Oui | MAK/KMS/ADBA documenté |
Inventaire CAL / RDS CAL | [ ] Oui | Type, quantité, version |
Jeu d’ISO officiel et hash | [ ] Oui | MD5/SHA256 pour intégrité |
Procédure de désactivation côté cédant | [ ] Oui | Captures/exports |
Erreurs fréquentes à éviter
- Acheter en OEM pour un serveur destiné à être cédé : la licence restera liée au matériel ; impossible de la transférer séparément.
- Oublier les CAL : un audit pointera l’absence de CAL même si le serveur est correctement licencié.
- Négliger les droits de virtualisation : confondre Standard et Datacenter mène à des écarts coûteux.
- Sous‑estimer les délais : intégrez 3 à 10 jours ouvrés pour l’enregistrement du transfert côté Microsoft/LSP.
- Absence d’archive : sans e‑mails, formulaires et factures, la charge de la preuve devient lourde lors d’un audit.
FAQ express
Peut‑on transférer une licence OEM ?
Non, sauf avec le serveur matériel d’origine. La licence suit la machine.
Peut‑on transférer une Retail/FPP ?
Oui, sous réserve de confirmation du support et de la désinstallation côté cédant – conservez la trace écrite.
Quelles étapes pour un contrat Volume ?
Formulaire « License Transfer » cosigné, justificatifs, soumission via LSP/VLSC, confirmation d’attribution au client.
Et en CSP ?
La cession inter‑entités est limitée. Travaillez avec le partenaire CSP pour annuler/racheter au nom du client ou réaligner le tenant.
Que faire côté serveur après transfert ?
Installer la clé (slmgr /ipk
), activer (slmgr /ato
), vérifier (slmgr /dlv
), puis mettre à jour la méthode d’activation si besoin.
Procédure d’archivage recommandée
- Centraliser dans un dossier unique (SharePoint/OneDrive/serveur sécurisé) l’intégralité des pièces.
- Indexation claire : Projet → Client → Licences → Serveurs → Dates.
- Horodatage des PDFs via un outil de signature ou un journal des événements interne.
- Conservation pendant tout le cycle de vie du serveur + 12 mois (bonne pratique).
Exemple de clause à intégrer à votre PV de recette
La propriété des licences logicielles listées en annexe est transférée à <Client>.
La société <Intégrateur> s’engage à cesser tout usage desdites licences et à fournir
l’ensemble des pièces justificatives (formulaire de transfert, factures, relevés).
Le Client reconnaît avoir reçu les clés, les médias d’installation et le guide d’activation.
Résumé actionnable
- 1) Qualifier la licence : OEM (non), Retail (oui avec support), Volume (oui via formulaire), CSP (voir partenaire).
- 2) Obtenir l’accord écrit (support/LSP) et le License Transfer si Volume.
- 3) Signer des deux côtés et soumettre (VLSC/LSP).
- 4) Activer côté client (
slmgr
, MAK/KMS/ADBA) et transférer les CAL/RDS CAL. - 5) Archiver toutes les preuves pour l’audit.
Étapes techniques supplémentaires utiles
Changer d’édition (ex. Standard → Datacenter)
Si le transfert s’accompagne d’un step‑up ou d’un changement d’édition, vous pouvez utiliser DISM :
DISM /online /Set-Edition:ServerDatacenter /ProductKey:XXXXX-XXXXX-XXXXX-XXXXX-XXXXX /AcceptEula
Précautions : planifier une fenêtre de maintenance, sauvegarder la VM, vérifier la compatibilité des fonctionnalités (Hyper‑V, Clustering).
Nettoyage côté cédant
REM Retirer proprement la clé (si réaffectation/Retail)
slmgr /upk
slmgr /cpky
Conservez une capture de ce nettoyage dans le dossier d’archive.
Conclusion
La cession de propriété d’une licence Windows Server 2022 est parfaitement réalisable dès lors que vous identifiez le bon canal (Retail, Volume, CSP), suivez le processus contractuel (formulaire, preuves, signature) et réalisez la bascule technique (activation, CAL, RDS CAL). Une documentation soignée et des preuves horodatées sécurisent votre client lors d’un audit tout en fluidifiant l’exploitation quotidienne.